« Parce qu’un salarié ne se
suicide pas directement à cause d’un chef trop zélé ou d’un collègue harceleur.
Cela ne suffit pas. La souffrance nait de la disparition progressive de tous
ses minuscules espaces de liberté nécessaires et vitaux sur lesquels le top
management rogne pour accroître les marges de productivité. »
Avertissement !! Vous tenez dans les mains une bombe qui
tôt ou tard va vous exploser au visage, va vous entrainer inexorablement au
bout de l’enfer, et vous laisse KO, la tête en vrac. Bienvenue dans l’entreprise
où il ne fait vraiment pas bon aller travailler….mais, quand il faut….
C’est Carole
Matthieu qui nous prend la main, et nous fait visiter les coulisses pas très
reluisantes d’une entreprise pas comme les autres…encore que…
Carole, est
médecin du travail. Elle s’est engagée corps et âme auprès de ses patients
ballotés, harcelés, violés, brimés, au bout du rouleau, et à qui il ne reste le
plus souvent pas d’autre alternative que d’en finir. Au péril d’elle-même, armée de son seul désir de
vérité, et de respect de la vie humaine, elle se bat seule contre tous, à sa
manière…
« Ils sont comme des enfants de cinq
ou six ans, incapables de me cacher le moindre de leurs secrets. Je suis
certainement le seul lien humain qui existe entre eux et personne ne s’en est
jamais aperçu. Je suis leur confidente, leur mère, leur réceptacle, leur fosse
à purin, leur objet de fantasme en même temps que la prostituée sur laquelle on
s’épanche pour ne pas sombrer. Parfois tout cela à la fois.
Je suis le dernier recours.
L’extrême –onction. »
De page en
page, nous apprendrons à cerner la personnalité de Carole, qui se laisse déjà
appréhender par un vocabulaire et une syntaxe peu adaptée à un médecin…seulement
voilà, ce style est parfaitement adapté à ce qu’elle est et surtout à son mode
de vie dont je ne dirai pas un mot ; à vous de le découvrir !!!
Carole
décide de frapper un grand coup, de mettre chacun en face de ses
responsabilités. Et, elle ne lésine pas sur les moyens. C’est avec elle que
nous, suivront sa propre descente aux enfers à un rythme effréné que seuls les
rapports d’expertises médicales judicieusement répartis permettront au lecteur de
reprendre un peu de son souffle.
Ce rythme
est entretenu par une narration au présent, qui place les choses en temps réel.
Il est impossible de lâcher ce livre. Marin Ledun s’empare du thème de la
souffrance au sein de l’entreprise, et de ses conséquences désastreuses. Il en dresse un tableau plus noir que noir, sans
aucune concession, qui fait froid dans
le dos, et qui malheureusement n’est pas très éloigné de la vérité sur le
terrain. Ceci est le reflet dérangeant de ce que sont devenues, sans pour
autant généraliser, les relations professionnelles. La course effrénée aux
profits, à la rentabilité, la recherche du meilleur rapport qualité –prix nous rend tous, et toutes plus ou moins
complices.
Les visages
écrasés, Marin Ledun
Seuil (24
Mars 2011)/ Points Thrillers (24Mai 2012)
Sélection2012 pour le meilleur polar
des lecteurs Points
320/400
pages
4ème de couverture :
Objectifs
inatteignables, management à la menace, restructurations et mises au placard…
Personne ne connaît ça mieux que moi. Vincent Fournier, salarié d’un centre
d’appels au bout du rouleau, m'a tout raconté avant que je ne mette fin à ses
souffrances. C'est mon boulot, je suis médecin du travail. Écouter, rassurer,
alerter la direction. Et soigner. Avec le traitement approprié, quel qu’il
soit.
A propos de l’auteur :
Né en 1975,
Marin Ledun est romancier. Il a déjà publié sept romans noirs, dont Modus
Operandi (prix Plume libre 2008), La Guerre des vanités (prix Mystère de la
critique 2011) et Zone Est.
Pour la challenge de Liliba.
Il me tente vraiment bien, celui-ci !
RépondreSupprimerC'est vraiment tentant. Merci pour ce beau billet, je prends note ;)
RépondreSupprimerDéjà repéré chez je ne sais plus qui, et mis dans ma LAL !
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