jeudi 9 août 2012

Au lieu-dit Noir-Etang


Tout l’intérêt de ce livre réside dans sa construction, et surtout dans les procédés narratifs utilisés par l’auteur pour amener d’emblée son lecteur dans son histoire, et l’y accrocher jusqu’à la fin. Je reconnais volontiers, qu’annoncer régulièrement par anticipation, les évènements tragiques qui se produiront à ce fameux lieu-dit Au Noir-Etang, peut en agacer plus d’un…mais en tout cas, c’est redoutablement efficace. Surtout, que l’auteur prend un malin plaisir à manipuler son lecteur, et à l’influencer, et pour finir, à le bluffer.
L’intensité dramatique, palpable dès les premières lignes ira crescendo, jusqu’à la révélation finale. Elle sera calmée régulièrement par des changements d’époque du narrateur, qui n’est autre que le fils de famille.
Thomas H.Cook a, me semble-t-il, bien fait ressortir le climat sociétal de l’époque, et des lieux, en campant des personnages qui se révèleront plus travaillés qu’il n’en parait. Plus qu’un policier conventionnel, il s’agit là d’un drame psychologique qui dont la finalité s’avère un fait tragique. Ce n’est plus tant le fin mot de l’histoire qui compte, que tout ce qui autour y a conduit. C’est cet aspect-là de l’ouvrage qui m’aura kidnappée dès les premières pages sans que je puisse le lâcher.
Cet ouvrage de bonne facture, prenant sans être lourd, bien aéré et surtout bien mené s’avèrera un excellent compagnon de vacances, ou de voyage.

Au Lieu-dit Noir-Etang, Thomas H.Cook
Seuil (12 Janvier 2012)
354 pages

4ème de couverture :
Août 1926. Chatham, Nouvelle-Angleterre, à quelques encablures du cap Cod : son église, son port de pêche et son école de garçons, fondée par Arthur Griswald, qui la dirige avec droiture et vertu. L'arrivée de la belle Mlle Channing, venue d'Afrique pour enseigner les arts plastiques à Chatham School, paraît anodine en soi, mais un an plus tard, dans cette petite ville paisible, il y aura eu plusieurs morts. Henry, le fils adolescent de M Griswald, est vite fasciné par celle qui va lui enseigner le dessin et lui faire découvrir qu'il faut " vivre ses passions jusqu'au bout ". Du coup, l'idéal de vie digne et conventionnelle que prône son père lui semble être un carcan. Henry assiste, complice muet et narrateur peu fiable, à la naissance d'un amour tragique entre Mlle Channing et M Reed, le professeur de lettres qui vit au bord du Noir-Etang avec sa femme et sa fille. Il voit en eux " deux figures romantiques, des versions modernes de Catherine et de Heathcliff ". Mais l'adultère est mal vu à l'époque, et après le drame qui entraine la chute de Chatham School, le lecteur ne peut que se demander, tout comme le procureur : " Que s'est-il réellement passé au Noir-Etang ce jour-là ? "
A propos de l’auteur :
Né en 1947 à Fort Payne (Alabama), Thomas Cook a été professeur d'histoire et secrétaire de rédaction au magazine Atlanta. Il vit à New York et au cap Cod. Avant d'être publié au Seuil, il a été traduit d'abord chez L'Archipel (2 titres) et Gallimard (8 titres en Série Noire). Un prestigieux Edgar Award a récompensé Au lieu-dit Noir-Etang en 1996 aux Etats-Unis, et Les Feuilles mortes (Folio policier) a reçu le Barry Award en 2006.

Policier retenu par le jury de septembre.


Pour le challenge de Liliba.

Pour le challenge de Marmotte.




7 commentaires:

  1. Je vais le finir aujourd'hui. J'avoue que l procédé narratif m' a agacé au départ mais c'est une vraie performance d'auteur que de raconter par l'esprit du narrateur et de dêcouvrir mle Channing par petites touches. Une façon différente de gérer le suspense. Mais ça fonctionne

    RépondreSupprimer
  2. Et bien pourquoi pas, en plus, il n'est pas trop épais. Je note.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai lu "interrogatoire" et "Les ombres de la nuit" du même auteur et j'avais vraiment beaucoup aimé! Celui-là je ne l'ai pas lu, mais je le note!

    Bizouxx

    RépondreSupprimer
  4. Je n'ai pas trop réussi à y croire, et suis restée un peu dubitative à la fin du livre...

    RépondreSupprimer
  5. Moi j'ai adoré ! il en faut bien. Pour avoir des avis moins tranchés, je cite ton billet sur mon blog. Anna, jury janvier

    RépondreSupprimer
  6. nos lectures sont assez parallèles. j'ai moi aussi été sensible à la reconstruction du climat sociétal, et au rôle que celui-ci prend peu à peu dans ce récit, d'abord uniquement une contrainte pour un adolescent épris de liberté, puis beaucoup plus.
    les effets d'anticipation m'ont par contre parfois lassée, même si je ressors avec une bonne impression de ce roman aux personnages qui arrivent à avoir un charisme depuis leur statut d'êtres de papier.

    RépondreSupprimer
  7. Je l'ai trouvé lourd pour ma part... Les effets d'anticipation et labanalité du sujet ont eu raison de moi...

    RépondreSupprimer