Merci à Olivier Vanghent de m’avoir permis de lire
son premier roman.
«Liquidez-moi
comme on vend des bijoux. Il n’y a pas de petites économies. Je veux
crever. Vous flairez une démarche égoïste ? Ayez le cœur plus renflé que l’esprit.
C’est un acte solidaire. Hors du monde on est pas moins débarrassé d’humanité.
Je lègue ma chambre, mon lit, mon subside. Je déserte. Je fais le vide. En
rendant l’âme, je libère des fonds. »
Le moins que je puisse dire, c’est qu’il m’a
bigrement bousculée. Il y a dans cette écriture un souffle et une énergie puissante.
La mort est abordée ici dans ce qu’il y a de plus douloureux.
Un homme (Il)
face à sa mort, qu’il souhaite plus que tout car il ne lui reste plus que l’esprit
alors que le corps ne répond plus ; un homme emprisonné. Il se souvient de
ce corps dont il avait la maîtrise, de ce corps qui lui donnait plaisir et
sensations. Il n’est plus que l’ombre de lui même
Une femme (Elle), sa femme, libre, face à ce dilemme…franchir
ou ne pas franchir la pas. Elle comprend mieux que personne. Sa vie ne sera que
fuite, déboires judiciaires et enfermement.
La liberté change de camp. Ce que l’un gagne grâce à
l’autre, l’autre le perd par amour pour l’un.
C’est une écriture saccadée, douloureuse qui fait ce
roman. Une écriture qui sait se faire lyrique parfois. On y ressent pleinement
les impulsions du corps et de l’esprit. Le texte aéré laisse le lecteur à sa
réflexion sur ce qui ressort à chaque page : l’euthanasie. Quand il n’y a
plus de mots, les pages blanches parlent d’elles-mêmes laissant le lecteur
reprendre son souffle. Le vocabulaire est minutieusement choisi. L’auteur va à
l’essentiel, un essentiel dense , un essentiel qui vous revient à la face et
vous laisse un peu KO.
Un livre qui pose plus de question qu’il ne donne de
réponse. Un livre qui renvoie le lecteur à sa condition de mortel. Un livre qui
remue au plus profond de soi.
A ce livre, qui au moment où je l’ai lu, est le
premier ouvrage qui ne ressemble à aucun autre, je souhaite de se faire une
place au milieu de tous les autres, car il le mérite.
Chronique publiée par anticipation en accord avec l'auteur.
Chronique publiée par anticipation en accord avec l'auteur.
L’entre-sort, Olivier
Vanghent
Éditions de l’âge d’homme (6 Septembre 2012)
147 pages
4ème
de couverture :
ENTRE-SORT, subst. Masc. : Baraque foraine dans
laquelle on expose des monstres.
Roman-baraque, L’Entre-sort donne à voir les
monstres de notre société : un homme et une femme, simplement.
De ces phénomènes, vous ne verrez que les plaies,
vous n’entendrez que les plaintes. C’est suffisant.
«
L’amour est un journal. Nombreux sont les jours sans ferveur, sans fléau, où
l’on doit pourtant griffonner quelque chose. Songe aux journaux, vois comme ils
sont creux. C’est que le monde est souvent banal. Songe maintenant que du monde
à l’amour, on tombe de sept milliards à
deux [...] Je suis militariste depuis que je suis amoureux. Elles me séduisent
ces époques d’inquiétude et de fièvres, les bruines sans trêve, les guerres de
tranchées. C’est ridicule, je le sais. Quoique sensé. Que dire ? Je voudrais un
amour plus odieux. »
A
propos de l’auteur :
Olivier Vanghent, est professeur de lettres
modernes, et a 31 ans. L’Entre-sort est son premier roman.
Pour le défi d'Anne.
Il est devant moi, il va falloir que je le lises vite alors.
RépondreSupprimerAh le voilà ton livre qui sort du lot...
RépondreSupprimerUn sujet sensible, en effet! Puisqu'il semble le traiter autant de doigté, je le note!
RépondreSupprimerÇa, pour une écriture saccadée et douloureuse, j'en ai même souffert ... atrocement ! bises (j'ai ajouté le lien vers ton article sur ma note).
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