« Etre
ensemble c’est tout ce qui compte. »
Je retrouve avec plaisir les ouvrages des éditions
Sabine Wespieser : format carré, papier doux, et légèrement ivoire,
publications rares choisies avec soin et de qualité.
On peut dire
que Léonor De Récondo a plus d’une corde à son violon ; outre la musique,
elle se défend très bien en littérature.
Rêves
oubliés se lit avec gourmandise, d’une traite, mais sans
précipitation non plus. Chaque mot, chaque phrase sont pesés au plus juste pour
donner à ce texte élégance, harmonie et poésie. Une mélodie douce qui porte et ravit.
Le propos se fait bref, sans superflus ; l’essentiel, rien que l’essentiel.
Léonor de Récondo parvient à balayer 13 années
intenses d’une famille de Basques espagnols contraints, en 1936 à s’exiler en France,
pour des raisons politiques.
Si le narrateur porte un regard extérieur sur les
péripéties familiales, les pensées intimes des uns et des autres apportent une
touche plus intime à ce roman. Parce que les mots peinent parfois à venir, la pensée se fait plus
diserte. Les amours s’y déclament, les
secrets s’y dévoilent.
Mais pour
aller plus loin encore, Ama s’exprime librement par l’intermédiaire de son journal.
Malgré les aléas de l’exil, les difficultés
matérielles, les drames intimes, la joie
et l’optimisme s’imposent toujours, comme une politesse que l’on se doit, et
que l’on doit aux autres.
« Oublions
cela et rappelons-nous uniquement la chaleur qui circulait entre nous tous
aujourd’hui. Les regards brillaient, les bouches s’enivraient. Malgré ces temps
orageux et glacials, nous sommes toujours là, ensemble. »
Rêves oubliées, Léonor
De Récondo
Sabine Wespieser (12 Janvier 2012)
Sélection
pour le prix Océans 2012
170 pages
4ème
de couverture :
Quand il arrive à Irùn où il espère rejoindre sa
famille, Aïta trouve la maison vide. Le gâteau de riz abandonné révèle un
départ précipité. En ce mois d'août 1936, le Pays basque espagnol risque de
tomber entre les mains des franquistes. Aïta sait que ses beaux-frères sont des
activistes. Informé par une voisine, il parvient à retrouver les siens à
Hendaye. Ama, leurs trois fils, les grands-parents et les oncles ont trouvé
refuge dans une maison amie. Aucun d'eux ne sait encore qu'ils ne reviendront
pas en Espagne. Être ensemble, c'est tout ce qui compte : au fil des années,
cette simple phrase sera leur raison de vivre. Malgré le danger, la nostalgie
et les conditions difficiles - pour nourrir sa famille, Aïta travaille comme
ouvrier à l'usine d'armement, lui qui dirigeait une fabrique de céramique. En
1939, quand les oncles sont arrêtés et internés au camp de Gurs, il faut fuir
plus loin encore. Tous se retrouvent alors au coeur de la nature, dans une
ferme des Landes. La rumeur du monde plane sur leur vie frugale, rythmée par le
labeur quotidien : les Allemands, non loin, surveillent la centrale électrique
voisine, et les oncles, libérés, poursuivent leurs activités clandestines.
Écrit comme pour lutter contre la fuite des jours, le carnet où Ama consigne
souvenirs, émotions et secrets donne à ce très beau roman une intensité et une
profondeur particulières. Léonor de Récondo, en peu de mots, fait surgir des
images fortes pour rendre à cette famille d'exilés un hommage où une pudique
retenue exclut le pathos.
A
propos de l’auteur :
Née en 1976, Léonor de Récondo vit à Paris.
Violoniste virtuose, elle se produit régulièrement avec de nombreuses
formations, comme Les Talents Lyriques, La Petite Bande ou L'Yriade, ensemble
de musique baroque qu'elle a fondé en 2004. Elle a également enregistré des CD
et des DVD.
Pour le défi de la plume au féminin organisé par Opaline.
J'ai hâte de le lire, la plus belle promesse de ce mois parmi les 4 livres du prix. Mais je le garde un peu encore pour me redonner de la vitalité si j'en viens à peiner
RépondreSupprimer