lundi 24 septembre 2012

Le Glacis



Court roman aussi concis que percutant, Le glacis peut également être appréhendé comme un beau témoignage d’une jeune femme ayant vécu de l’intérieur une guerre qui ne disait pas son nom, et qui qui lui a été imposée par la puissance administrative de l’époque.
Nous suivons pas à pas Laure, jeune enseignante de français, nommée à Alger au moment des « évènements » comme on le disait pudiquement à l’époque.
Rien n’est noir ou blanc. Tout passe par les multiples nuances de gris, pur monter que dans cette affaire, aucun camp n’avait raison sur l’autre. Chacun défendait ce qu’il croyait être  sa terre, son pays, ce qui faisait l’essence même de sa vie. Au milieu de tout cela, des gens comme Laure, venus, ou envoyés là pour travailler.
Monique Rivet retrace très bien le climat de violence, la défiance des uns ou des autres à l’égard de la communauté adverse. Ces communautés vivent les unes à côté des autres, sans se comprendre. L’écart culturel est bien trop grand pour que chacun parvienne à faire un pas vers l’autre.
La naïveté de Laure, fraichement débarquée de Paris, et multipliant les gaffes, faux pas ou du moins comportements diversement appréciés, précipitera sa perte.
Une belle découverte dans le cadre du Prix Océans  2012.



Le glacis, Monique Rivet
Editions Métailié (26 Janvier 2012)
Sélection Prix Océans 2012
131 pages




4ème de couverture :
Laure a vingt-cinq ans lorsqu'au milieu des années 50 elle est nommée, en pleine guerre d'Algérie, professeur de lettres dans un lycée d'une petite ville de l'Oranais. Cette guerre, qu'elle ne comprend pas, la désoriente, puis lui fait horreur. Elle ne comprend pas davantage la société qu'elle découvre, une société cloisonnée où les conformismes se côtoient en toute hostilité et qu'elle choque par la liberté de ses réactions ; d'emblée elle s'y fait des ennemis, au point de se mettre en danger.
«Le temps où j'ai habité la ville était le temps de la violence. Le temps de ce que le langage officiel déguisait d'un intitulé pudique : les "événements", quand l'homme de la rue disait : la guerre. La guerre d'Algérie.
Ce pays, je ne lui appartenais pas, je m'y trouvais par hasard. J'y étais de guingois avec tout, choses et gens, frappée d'une frilosité à fleur de peau, incapable d'adhérer à aucun des mouvements qui s'y affrontaient. Cette guerre, je ne la reconnaissais pas, elle n'était pas la mienne. Je la repoussais de toutes mes forces. Si j'avais eu à la faire... - s'il avait fallu que je la fasse, aurais-je pu la faire aux côtés des miens ?»
A propos de l’auteur :
Agrégée de lettres classiques et aujourd'hui retraitée, Monique Rivet partage son temps entre la région parisienne et les Cévennes. Elle est l'auteur, entre autres, de Caprices et Variations (Flammarion), Les Paroles gelées et La Caisse noire (Gallimard). Elle a écrit Le Glacis à la fin des années 50, sans le publier.


4/26....[R]

Pour le défi d'Anne.




Pour le défi d'Opaline .


4 commentaires:

  1. J'ai lu ces dernières années beaucoup de textes vraiment excellents concernant les "événements" d'Algérie. Un de plus à rajouter à ma liste^^

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  2. Tiens, tiens, les éditions Métailié... bonne pioche ! Je le note.

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  3. Pourquoi pas... Ce livre pourrait être complémentaire avec le film que j'ai vu "ce que le jour doit à la nuit, tiré du livre de Khadra. Je note.

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