Court roman aussi concis que percutant, Le glacis peut également être appréhendé
comme un beau témoignage d’une jeune femme ayant vécu de l’intérieur une guerre
qui ne disait pas son nom, et qui qui lui a été imposée par la puissance
administrative de l’époque.
Nous suivons pas à pas Laure, jeune enseignante de
français, nommée à Alger au moment des « évènements » comme on le
disait pudiquement à l’époque.
Rien n’est noir ou blanc. Tout passe par les
multiples nuances de gris, pur monter que dans cette affaire, aucun camp n’avait
raison sur l’autre. Chacun défendait ce qu’il croyait être sa terre, son pays, ce qui faisait l’essence
même de sa vie. Au milieu de tout cela, des gens comme Laure, venus, ou envoyés
là pour travailler.
Monique Rivet retrace très bien le climat de
violence, la défiance des uns ou des autres à l’égard de la communauté adverse.
Ces communautés vivent les unes à côté des autres, sans se comprendre. L’écart
culturel est bien trop grand pour que chacun parvienne à faire un pas vers l’autre.
La naïveté de Laure, fraichement débarquée de Paris,
et multipliant les gaffes, faux pas ou du moins comportements diversement appréciés,
précipitera sa perte.
Une belle découverte dans le cadre du Prix
Océans 2012.
Le glacis, Monique Rivet
Editions Métailié (26 Janvier 2012)
Sélection
Prix Océans 2012
131 pages
4ème
de couverture :
Laure a vingt-cinq ans lorsqu'au milieu des années
50 elle est nommée, en pleine guerre d'Algérie, professeur de lettres dans un
lycée d'une petite ville de l'Oranais. Cette guerre, qu'elle ne comprend pas,
la désoriente, puis lui fait horreur. Elle ne comprend pas davantage la société
qu'elle découvre, une société cloisonnée où les conformismes se côtoient en
toute hostilité et qu'elle choque par la liberté de ses réactions ; d'emblée
elle s'y fait des ennemis, au point de se mettre en danger.
«Le temps où
j'ai habité la ville était le temps de la violence. Le temps de ce que le
langage officiel déguisait d'un intitulé pudique : les "événements",
quand l'homme de la rue disait : la guerre. La guerre d'Algérie.
Ce
pays, je ne lui appartenais pas, je m'y trouvais par hasard. J'y étais de
guingois avec tout, choses et gens, frappée d'une frilosité à fleur de peau,
incapable d'adhérer à aucun des mouvements qui s'y affrontaient. Cette guerre,
je ne la reconnaissais pas, elle n'était pas la mienne. Je la repoussais de
toutes mes forces. Si j'avais eu à la faire... - s'il avait fallu que je la
fasse, aurais-je pu la faire aux côtés des miens ?»
A
propos de l’auteur :
Agrégée de lettres classiques et aujourd'hui
retraitée, Monique Rivet partage son temps entre la région parisienne et les
Cévennes. Elle est l'auteur, entre autres, de Caprices et Variations (Flammarion), Les Paroles gelées et La
Caisse noire (Gallimard). Elle a écrit Le
Glacis à la fin des années 50, sans le publier.
4/26....[R]
Pour le défi d'Anne.
Pour le défi d'Opaline .
J'ai lu ces dernières années beaucoup de textes vraiment excellents concernant les "événements" d'Algérie. Un de plus à rajouter à ma liste^^
RépondreSupprimerTiens, tiens, les éditions Métailié... bonne pioche ! Je le note.
RépondreSupprimerAllez zou dans ma LAL!
RépondreSupprimerPourquoi pas... Ce livre pourrait être complémentaire avec le film que j'ai vu "ce que le jour doit à la nuit, tiré du livre de Khadra. Je note.
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