samedi 1 septembre 2012

L'immeuble Yacoubian


« Ce pays n’est pas notre pays, Taha, c’est le pays de ceux qui ont de l’argent. Si tu avais eu deux mille livres et que tu les avais données en bakchich  personne ne t’aurait demandé le métier de ton père. Gagne de l’argent, Taha, tu auras tout ce que voudras mais si tu restes pauvre on te marchera dessus. »

Bien plus qu’un simple roman, l’immeuble Yacoubian est une chronique de vie au Caire, où les habitants de cet immeuble représentent la société égyptienne actuelle (enfin, celle de l’ère Moubarak) dans un contexte socio-politique de plus en plus troublé
Roman choral où foisonnent une diversité d’individu, l’immeuble Yacoubian réussit à faire entrer le lecteur dans ce microcosme sans porter le moindre jugement sur les uns ou les autres, sur les faits, et sur les chemins que nos personnages empreintent.  
La société égyptienne est exsangue ; la corruption se cache à peine, la jeunesse est tiraillée entre un désir de liberté légitime, et une emprise de plus en plus forte des valeurs islamistes. Les violences policières, le manque de travail, de perspectives creusent le lit du fondamentalisme religieux, et de ses horreurs L’auteur, a parfaitement su mettre cet aspect en valeur avec le juste ton, et la bonne distance pour laisser le lecteur à ses révoltes, et ses interrogations, sans l’influencer .
Chacun est inexorablement entrainé vers l’abîme, qui vers la débauche, qui vers la violence, qui vers la solitude, qui vers le secret et l’hypocrisie. Personne n’est heureux. Même dans leurs excès, nos personnages, sont finalement  nettement plus à plaindre qu’à blâmer. Chacun est touchant dans ses faiblesses et ses aspirations non assouvies.

Voilà une bien agréable découverte ; nul doute que je relierai prochainement Alaa El Aswany.

L’immeuble Yacoubian, Alaa El Aswany
Actes Sud (9 Janvier 2006)/ Babel (22 Octobre 2007)
327/324 pages

4ème de couverture :
Construit en plein cœur du Caire dans les années 1930, vestige d'une splendeur révolue, l'immeuble Yacoubian constitue un creuset socioculturel très représentatif de l'Egypte du XXIe siècle naissant. Dans son escalier se croisent ou s'ignorent Taha, le fils du concierge, qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel ; le vieil aristocrate Zaki, perdu dans ses souvenirs ; Azzam, l'affairiste louche aussi bigot que lubrique ; la belle et pauvre Boussaïna, qui voudrait travailler sans avoir à subir la convoitise d'un patron... Témoin d'une époque, Alaa El Aswany pose, sans juger, un regard tendre sur des personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège, celui d'une société dominée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales, l'absence de liberté sexuelle, la nostalgie du passé. Mais ce roman n'aurait pas conquis un tel nombre de lecteurs dans le monde entier s'il se contentait d'évoquer l'Egypte au tournant du millénaire : en digne héritier d'un Dostoïevski comme d'un Zola ou d'un Mahfouz, c'est bien de l'homme que nous parle Alaa El Aswany, de ses vices et de ses faiblesses, de ses rêves et de ses échecs, et le miroir qu'il tend, pour indulgent qu'il soit, n'en est que plus effrayant.
A propos de l’auteur :
Né dans une famille intellectuelle, d'un père écrivain - Abbas al-Aswany -, il a fait ses études secondaires dans un lycée égyptien de langue française et a également étudié la chirurgie dentaire aux États-Unis, à l'université de l'Illinois à Chicago.
Il contribue régulièrement aux journaux d'opposition et est proche des intellectuels de gauche, en particulier de Sonallah Ibrahim. Il se dit indépendant des partis politiques, mais est l'un des membres fondateurs du mouvement d'opposition « Kifaya » (Ça suffit) qui réclame des élections présidentielles réellement libres.
Son roman L'Immeuble Yacoubian, paru en 2002, est un véritable phénomène d'édition dans le monde arabe et est rapidement traduit dans une vingtaine de langues, en plus de faire l'objet d'adaptations cinématographique et télévisuelle. Il décrit la vie foisonnante d'un édifice autrefois grandiose du centre-ville du Caire, où les habitants font face à la corruption oppressante du régime et à la montée de la pression islamiste. Il enchaîne avec le roman Chicago, paru en 2006, qui dépeint la vie des étudiants arabes aux États-Unis après les événements du 11 septembre 2001. Ce livre connaît également un énorme succès de vente.

Bien qu'idéologiquement proche d'écrivains de gauche comme Sonallah Ibrahim, Alaa al-Aswany adopte un style réaliste et direct, qui le rend intelligible à un lectorat très large, sans sacrifier la puissance du récit. Son habileté à capturer la vie foisonnante de l'Égypte dans toute sa diversité a amené des comparaisons au Prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz.
En 2011, il prend une part active à la révolution égyptienne de 2011, s'illustrant notamment le 2 mars 2011 dans un débat télévisé contre le premier ministre par intérim nommé par Moubarak Ahmed Chafik. Ce dernier démissionnera le lendemain.
Son prochain roman s'intitulera The Automobile Club of Egypt et aura pour cadre la ville du Caire dans les années 1940. Il est prévu de sortir pour la fin de l'année 2012.
Sa bibliographie : L'Immeuble Yacoubian (Actes Sud, 2006) ; Chicago (Actes Sud, 2007)    J’aurais voulu être Égyptien (Actes Sud, 2009) Chroniques de la révolution égyptienne (Actes Sud, 2011)     



Dans le cadre du challenge proposé par Evertkhorus.


7 commentaires:

  1. Très joli avis je trouve :)
    J'ai semblablement eu le même ressenti sur ce récit que j'ai trouvé très touchant. Je pense que c'est le genre de livre ou le recul est nécessaire pour en saisir toute la force.

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  2. Je suis tout à fait d'accord avec ton article, c'est dommage que je l'ai trouvé assez ennuyeux à lire.

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  3. Je parlais du roman, qui est ennuyeux à lire, pas de ton article bien sûr ! Je trouve que ma phrase prête à confusion !

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  4. Vraiment très intéressant. Typiquement le genre d'ouvrage qui pourrait me plaire.

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  5. J'avais adoré ce livre. Un vai bonheur de lecture !

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  6. J'avais beaucoup aimé ce livre aussi et j'ai même achetê le dernier livre de l'auteur pour ce challenge mais je n'ai pas eu le temps de le lire

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  7. Merci de ta participation et de nous faire découvrir cette belle letcure!

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