Dans
ce troisième roman, Ariane Bois dresse le portrait attachant, et sensible d’une
femme ravagée par un deuil qu’elle ne se résout pas à faire. Et cela en arrive
à un point tel, qu’elle ne parvient plus à être la mère de ses propres
enfants ; elle la fille qui vient de perdre sa mère, et qui n’a pas encore
fait le deuil d’un frère.
Il
ne lui reste plus que la fuite ; se sauver, pour tenter de se sauver.
Parce que de cette fuite, lui viendra une forme de réconciliation avec
elle-même, et avec ses racines, et son passé qui lui éclate à la figure.
« Partir pour ne plus faire de mal, pour les
sauver. Se comporter en mère et en femme devenait impossible : j’étais
redevenue une enfant apeurée en quête d’une sécurité disparue. »
Comme
dans son premier roman, Ariane Bois remet à l’ouvrage la judéité, et la culpabilité
à l’égard de celle-ci, et d’y survivre.
De
cette écriture sensible imprégnée d’un « je » omniprésent ressort
l’urgence qu’il y a pour elle de s’échapper. Nous l’accompagnons de Paris
jusqu’à un petit village des Cévennes dans sa désespérance, et sa détresse, en
tentant de se faire aussi petit que possible pour lui laisser reprendre pied
avec elle-même, et digérer les non-dits qui finissent par donner un sens à de
multiples détails de son enfance.
J’ai
lu ce livre presque en apnée, happée par cette femme que l’on voudrait voir
retrouver les siens…Y parviendra-t-elle ?
Je
remercie les éditions Belfond pour m’avoir permis de lire cet ouvrage.
Sans oublier, Ariane Bois
Belfond, Février 2014
250 pages
4ème de
couverture :
Lorsqu'elle
apprend l'accident qui a coûté la vie à sa mère, une jeune femme voit sa vie
exploser. Tout se délite et s'obscurcit dans le ciel de sa mémoire. L'onde de
choc atteint ses enfants et son mari. Pour enrayer cette chute libre, il lui
faut partir, tenter de se retrouver pour sauver les siens.
Récit
d'un crash intime, d'une fugue maternelle sur les traces d'un silence familial,
Sans oublier raconte comment, pour devenir mère, il faut d'abord cesser d'être
une fille.
Une
écriture intense qui réconcilie de façon saisissante la noirceur du deuil et la
rage de vivre.
A propos de l’auteur :
Grand
reporter au sein du groupe Marie-Claire et critique littéraire pour le magazine
Avantages, Ariane Bois a déjà publié deux romans, Et le jour pour eux sera
comme la nuit (Ramsay, 2009 ; J'ai Lu, 2010) et Le Monde d'Hannah (Robert
Laffont, 2011 ; J'ai Lu, 2014). Tous deux ont été salués par la critique et par
des prix littéraires, et traduits en plusieurs langues.
Pour le challenge d'Enna : Verbe
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