mercredi 21 mai 2014

Tueur de bisons




« Ça m’inquiétait pas beaucoup que l’animal que je traquais soit pas un buffalo, mais un bison. C’était du pareil au même. Ça marchait. Ça avait du cuir. Ce cuir c’était de l’argent, j’étais jeune, 22 ans. J’aimais bien chasser.»
 
Court, mais glaçant…ce récit est l’œuvre d’un homme qui, d’une part a connu et participé à la guerre de sécession, et de l’autre a été le témoin actif de l’un des plus grand massacre animalier.

Froid, et sans fioriture, ce texte décrit presque chirurgicalement une opération de grande envergure, minutieusement organisée, où chacun avait une spécialité, et s’y tenait. L’auteur était coureur ; il lui fallait trouver le bison, et le tuer ; point barre. 


« J’étais un coureur, pas un dépeceur. »

Si bien entendu il y a avait une raison économique avouée, il y avait, aussi, une volonté d’isoler les tribus indiennes dont on savait l’importance qu’avait pour elle l’élevage de bisons.

Ce texte a valeur de confession. L’auteur reconnait bien volontiers, mais hélas trop tard que lui et ses acolytes ont tué la poule aux œufs d’or, et que comble des combles, l’auteur, s’il n’en a pas été réduit à la mendicité, ne s’en est pas pour autant considérablement enrichi. Tout ça pour ça ….


« Le massacre était  peut-être une chose scandaleuse et inutile. Mais c’était aussi une chose inévitable, une nécessité historique. »

Si j’aurais aimé un ouvrage un peu moins synthétique, un peu moins sec, et un tantinet plus long, je reste satisfaite de cette lecture qui m’a montré un autre pan de l’histoire américaine, pas très glorieux, il va sans dire.


« Mayer, de deux choses l’une : soit les buffalos doivent disparaître, soit les indiens doivent disparaître. Ce sera quand l’Indien sera absolument  dépendant de nous pour tous ses besoins qu’on pourra le maîtriser. Pour le buffalo, il est trop indépendant. Mais si on tue le buffalo, on conquiert l’Indien. Ça parait plus humain de tuer les buffalos plutôt que les Indiens, alors les buffalos doivent disparaître. »


Tueur de bisons, Frank Mayer
Anacharsis, Octobre 2010 /Libretto, Mai 2013
112/100 pages


4ème de couverture :

Publié aux Etats-Unis en 1958 à titre posthume, Tueur de bisons est, bien au-delà des mythologies véhiculées par le western, le récit de ce que fut la vie de Frank Mayer, né à La Nouvelle-Orléans en 1850. Cet homme « ordinaire » qui aura connu les guerres avec les Indiens et la ruée vers l’or, figure archétypale de l’aventurier des Grandes Plaines, laisse un témoignage effarant sur le carnage sans précédent de près de quinze millions de bisons. Il raconte, entre 1870 et 1880, le quotidien de ce business méthodique, de la façon d’économiser les balles à la collecte des ossements pour les industries agroalimentaires de la côte est. C’est une autre histoire américaine qui se dessine alors, bien loin de celle transmise par l’imaginaire collectif…

A propos de l’auteur :

Frank Mayer, né en 1850 en Louisiane,  s’est endormi de son dernier sommeil en 1954, à l’âge de 104 ans, dans la petite ville minière de Fairplay dans le Colorado. Avec lui disparaissait le dernier tueur de bisons.
 


Pour le Colorado, dans le cadre du challenge de Sofynet. 44/51
(état où est mort l'auteur)

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