jeudi 5 juin 2014

A la grâce des hommes



Australienne, Hannah Kent a choisi l’Islande du 19ème siècle pour le cadre de son premier roman. D’emblée, la rusticité et l’extrême dénuement des lieux éclatent aux yeux du lecteur. Il en sera ainsi tout au long de ce roman aux multiples modes narratifs.

Basée sur une histoire vraie, nous suivront Agnès condamnée à mort (la dernière à être exécutée) dans une Islande encore dépendante de la Couronne danoise. Ce titre original (rites funèbres) est à mon sens davantage explicite. Alors qu’elle sait qu’elle va mourir, la condamnée se fait « accompagner »sur la plan spirituel par un révérend, alors qu’elle vit ses derniers jours dans une famille austère, et plus que récalcitrante à son égard.

Au fil des pages, la vie de cette femme, et de son entourage nous est ainsi dévoilée. Si sa part d’ombre est bien là, de son vécu sort une réelle lueur qui en fait un personnage attachant sur lequel l’auteur s’est penchée avec réalisme et tendresse.

J’ai également apprécié la progression du personnage de Margret dépassant ses propres appréhensions en parvenant à instaurer un climat de confiance entre les deux femmes.

On en apprend beaucoup sur les us et coutumes d’autrefois, l’inhumanité et la radicalité  de la justice d’alors. L’auteur s’est beaucoup documentée, et s’est aidée des sagas et légendes islandaises dont les allusions sont nombreuses tout au long de ce roman. Elle donne  vraiment envie de s’y intéresser de près.
A l’image de ce pays enfermé de longs mois dans les glaces, et isolé de tout, le temps s’étire, le rythme est lent, l’atmosphère envoutante. Il faut prendre le temps de s’installer pour se faufiler au sein de cette curieuse communauté, et pour s’imprégner durablement de cette histoire joliment racontée.

Un grand merci à l’éditeur et Babélio dans le cadre de  l’opération masse critique


A la grâce des hommes, Hannah Kent
Presses de la cité, Mai 2014
400 pages



4ème de couverture :

Agnes Magnúsdóttir, servante dans l'Islande austère et violente du XIXe siècle, est condamnée à mort pour l'assassinat de son amant et placée dans une ferme reculée en attendant son exécution. Horrifiés à l'idée d'héberger une meurtrière, le fermier, sa femme et leurs deux filles évitent tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Tóti, le révérend chargé de préparer la jeune femme à sa fin prochaine, tente de la comprendre. Au fil des mois, Agnes raconte sa vérité, aussi terrible soit-elle à accepter. Mais la justice des hommes est en marche, et pourquoi Agnes réapprendrait-elle à vivre si c'est pour mourir ?

A propos de l’auteur :

Hannah Kent , née en 1985 vit en Australie où elle est cofondatrice et rédactrice en chef adjointe d'une revue littéraire. Elle donne également des cours d'écriture et d'anglais à l'Université de Flinders, où elle achève en parallèle son doctorat. A la grâce des hommes est son premier roman.




 Pour l'Australie dans  le challenge d'Alexandra .


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