Australienne,
Hannah Kent a choisi l’Islande du 19ème siècle pour le cadre de son premier
roman. D’emblée, la rusticité et l’extrême dénuement des lieux éclatent aux
yeux du lecteur. Il en sera ainsi tout au long de ce roman aux multiples modes narratifs.
Basée
sur une histoire vraie, nous suivront Agnès condamnée à mort (la dernière à
être exécutée) dans une Islande encore dépendante de la Couronne danoise. Ce
titre original (rites funèbres) est à mon sens davantage explicite. Alors qu’elle
sait qu’elle va mourir, la condamnée se fait « accompagner »sur la
plan spirituel par un révérend, alors qu’elle vit ses derniers jours dans une
famille austère, et plus que récalcitrante à son égard.
Au
fil des pages, la vie de cette femme, et de son entourage nous est ainsi dévoilée.
Si sa part d’ombre est bien là, de son vécu sort une réelle lueur qui en fait
un personnage attachant sur lequel l’auteur s’est penchée avec réalisme et tendresse.
J’ai
également apprécié la progression du personnage de Margret dépassant ses
propres appréhensions en parvenant à instaurer un climat de confiance entre les
deux femmes.
On
en apprend beaucoup sur les us et coutumes d’autrefois, l’inhumanité et la
radicalité de la justice d’alors. L’auteur
s’est beaucoup documentée, et s’est aidée des sagas et légendes islandaises dont
les allusions sont nombreuses tout au long de ce roman. Elle donne vraiment envie de s’y intéresser de près.
A
l’image de ce pays enfermé de longs mois dans les glaces, et isolé de tout, le
temps s’étire, le rythme est lent, l’atmosphère envoutante. Il faut prendre le
temps de s’installer pour se faufiler au sein de cette curieuse communauté, et
pour s’imprégner durablement de cette histoire joliment racontée.
Un
grand merci à l’éditeur et Babélio dans le cadre de l’opération masse critique
A la grâce des hommes, Hannah Kent
Presses de la cité, Mai
2014
400 pages
4ème de
couverture :
Agnes
Magnúsdóttir, servante dans l'Islande austère et violente du XIXe siècle, est
condamnée à mort pour l'assassinat de son amant et placée dans une ferme
reculée en attendant son exécution. Horrifiés à l'idée d'héberger une
meurtrière, le fermier, sa femme et leurs deux filles évitent tout contact avec
Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Tóti, le révérend
chargé de préparer la jeune femme à sa fin prochaine, tente de la comprendre.
Au fil des mois, Agnes raconte sa vérité, aussi terrible soit-elle à accepter.
Mais la justice des hommes est en marche, et pourquoi Agnes réapprendrait-elle
à vivre si c'est pour mourir ?
A propos de l’auteur :
Hannah
Kent , née en 1985 vit en Australie où elle est cofondatrice et rédactrice en
chef adjointe d'une revue littéraire. Elle donne également des cours d'écriture
et d'anglais à l'Université de Flinders, où elle achève en parallèle son
doctorat. A la grâce des hommes est son premier roman.
Pour l'Australie dans le challenge d'Alexandra .
il me tente énormément! Ton avis me donne encore plus envie de le lire :)
RépondreSupprimerTrès intéressant
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