La
mère
« Face à elle, je suis face à mile mystères. »
« Par peur, surtout, de revivre une énième
expérience du désamour dont je sortirais, encore blessée, abattue, car la Mère
a ce pouvoir, le pouvoir de tuer la petite fille qui survit en moi. »
Kaoutar
Harchi, dont j’avais fait connaissance avec l’ampleur du saccage, parle au cœur,
mais qu’il est difficile de parler de ses livres tant ils sont intenses .On ne
sait trop par quel bout les aborder !!
La
narratrice vit enfermée avec sa mère au milieu des infidèles, des fautives et
des transgressives.
La
cellule familiale est une trame constante dans l’œuvre de Kaoutar Harchi. Elle
y dénonce une société prisonnière des us et coutumes qui se transmettent, aliènent,
et abîment au cœur les êtres. Elle crie la tragédie des femmes, des corps, la
féminité étouffée. La souffrance est nous frôle presque les doigts tant elle est imbibe chaque mot,
chaque phrase.
Une
écriture acérée, des phrases qui claquent ; tantôt longues, tantôt
lapidaires, sans verve. Des ruptures de narration par des extrais de carnets
intimes… Tout porte à mettre le lecteur en tension, comme à l’affut, en apnée.
On
ressort de cette lecture de ce livre comme abasourdi, conscient d’avoir lu
quelque chose de différent, de fort, et quasiment dans l’incapacité de lui
rendre l’hommage qu’il mérite. Si ses contours sont difficiles à cerner, c’est qu’il
n’est pas dans le registre du faire, mais de l’être. L’intimité, et le vase
clos donne peu de latitude au lecteur pour s’exprimer à son tour.
Je remercie Nelly Mladenov des éditions Actes Sud pour l'envoi de cet ouvrage, et sa confiance
A l’origine notre père
obscur, Kaoutar Harchi
Actes Sud, Août 2014
165 pages
4ème de
couverture :
Enfermée
depuis son plus jeune âge dans la “maison des femmes”, une bâtisse ceinte de
hauts murs de pierre où maris, frères et pères mettent à l’isolement épouses,
sœurs et filles coupables – ou soupçonnées – d’avoir failli à la loi
patriarcale, prise en otage par les mystères qui entourent tant de douleur en
un même lieu rassemblée, une enfant a grandi en témoin impuissant de
l’inéluctable aliénation de sa mère qu’un infini désespoir n’a cessé d’éloigner
d’elle.
Menacée
de dévoration par une communauté de souffrance, meurtrie par l’insondable
indifférence de sa génitrice, mais toujours aimante, l’abandonnée tente de
rejoindre enfin ce “père obscur” dont elle a rêvé en secret sa vie durant. Mais
dans la pénombre de la demeure du père, où sévit le clan, la guette un nouveau
cauchemar où l’effrayant visage de l’oppression le dispute aux monstrueux
délires de la névrose familiale dont il lui faudra s’émanciper pour découvrir
le sentiment d’amour.
Entre
cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kaoutar Harchi
écrit à l’encre de la tragédie et de la compassion la fable aussi cruelle
qu’universelle de qui s’attache à conjurer les legs toxiques du passé pour
s’inventer, loin des clôtures disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs
de lumière, corps et âme habitable.
A propos de l’auteur :
Née
à Strasbourg en 1987, de parents marocains, Kaoutar Harchi, titulaire d'une
licence de lettres modernes, d'un master de socio-anthropologie et d'un master
de socio-critique est, depuis 2010, doctorante-monitrice à la Sorbonne, où elle
assure des enseignements en littérature et sociologie. Elle vit aujourd'hui
dans la région parisienne.
Elle
est l'auteur des deux romans : Zone cinglée (Sarbacane; 2009) et L'Ampleur du saccage (Actes Sud ; 2011).
Voilà une romancière à découvrir, je note la référence. Merci mimi.
RépondreSupprimerJ'ai aussi commencé mes chroniques de rentrée avec ce roman. Un roman fort tout comme L'ampleur du saccage. Une auteure à suivre pour moi sans aucun doute.
RépondreSupprimerJ'ai lu également la chronique de Jostein et je pense qu'il fera partie des livres que je lirai
RépondreSupprimer