« Couper la langue. Qui fallait-il être pour
couper la langue d’un homme ?»
Rentrer
en littérature corse, c’est une grande aventure. On se doute bien, qu’elle doit
être à l’image de l’ile : belle, et terriblement rebelle, complexe à
souhait, mystérieuse. Autrement dit, il faut un peu de patience, prendre le
temps de suivre l’auteur dans ses détours et contour pour appréhender cette
histoire de vengeance simple en apparence par son origine, mais qui s’avère
être aussi tortueuse que les sentiers du maquis corse.
La
période est assez difficile à situer ; c’est au fil de la lecture que les
choses se précisent. La narration se veut multiple, et change souvent sans
vraiment prévenir.
Enfin,
l’histoire se révèle ombrageuse, tout comme les différents personnages, dont
certains sont difficiles à cerner.
Si
j’ai eu parfois du mal à m’imprégner de " corsitude", si j’ai eu
parfois un peu peiné à m’y retrouver dans la narration, je reconnais bien
volontiers la qualité de l’écriture de Marc Biancarelli, et le soin qu’il met à
monter ses personnages ; des personnages durs, violents, au caractère bien
trempé ; des personnages attachant, malgré tout.
Ce
roman me laisse perplexe sur le fond, et le sujet, mais dont la forme ne manque
pas d’atout, et qui me donne envie de revenir vers l’auteur.
Orphelins de Dieu, Marc Biancarelli
Actes Sud, Août 2014
240 pages
4ème de
couverture :
Résolue
à venger son frère, à qui quatre répugnantes crapules ont tranché la langue
sans oublier de le défigurer, Vénérande, jeune paysanne au cœur aride,
s’adjoint les services de L’Infernu, tueur à gages réputé pour sa sauvagerie,
et s’embarque avec lui dans une traque sanguinaire à travers les montagnes
corses du xixe siècle.
Au
gré de leur chevauchée vers la tanière des Santa Lucia – la fratrie à abattre
–, L’Infernu raconte à sa “disciple” son engagement, jadis, dans l’armée des
insoumis, meute de mercenaires sans foi ni loi prompte à confondre patriotisme,
geste guerrière et brigandage éhonté, semant terreur et chaos de vallées
escarpées en villages désolés, de tavernes et bordels immondes en marécages
infestés. L’abandon avec lequel L’Infernu se livre à Vénérande, au terme d’une
existence passée à chercher en vain son humanité au-delà du chaos des armes,
confère au sanglant baroud d’honneur de ce vaincu de l’Histoire les vertus
d’une ultime et poignante transmission, qui culmine lors de l’assaut final.
Insolemment
archaïque et parfaitement actuelle, cette épopée héroïque en forme de “western”
réinvente superbement l’innocence des grands récits fondateurs à l’état natif,
quand le commerce des hommes et des dieux, des héros et des monstres, pouvait
encore faire le lit des mythes sans que nulle glose n’en vienne affadir les pouvoirs.
A propos de l’auteur :
Né
en 1968, Marc Biancarelli enseigne la langue corse dans un lycée du Sud de la
Corse. Poète, nouvelliste et romancier, il est l’auteur de nombreux ouvrages,
tous écrits en corse, aux éditions Albiana, Ajaccio. Murtoriu est son premier
ouvrage de fiction traduit en français.
Lu comme lecteur VIP pour l'opération coup de coeur d'entrée Livre
Il doit effectivement avoir une approche difficile de la "corsitude". J'avais peiné avec le roman de Jérôme Ferrari, Le serment sur la chute de Rome.
RépondreSupprimerIl me parait beaucoup plus intéressant que des bouquins de la rentrée dont on nous rebat les oreilles...
RépondreSupprimerEh bien moi, je n'ai pas trouvé ce roman si corse que ça, je craignais d'ailleurs cet aspect...
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