mercredi 20 août 2014

Orphelins de Dieu



« Couper la langue. Qui fallait-il être pour couper la langue d’un homme ?»

Rentrer en littérature corse, c’est une grande aventure. On se doute bien, qu’elle doit être à l’image de l’ile : belle, et terriblement rebelle, complexe à souhait, mystérieuse. Autrement dit, il faut un peu de patience, prendre le temps de suivre l’auteur dans ses détours et contour pour appréhender cette histoire de vengeance simple en apparence par son origine, mais qui s’avère être aussi tortueuse que les sentiers du maquis corse.
La période est assez difficile à situer ; c’est au fil de la lecture que les choses se précisent. La narration se veut multiple, et change souvent sans vraiment prévenir.
Enfin, l’histoire se révèle ombrageuse, tout comme les différents personnages, dont certains sont difficiles à cerner.

Si j’ai eu parfois du mal à m’imprégner de " corsitude", si j’ai eu parfois un peu peiné à m’y retrouver dans la narration, je reconnais bien volontiers la qualité de l’écriture de Marc Biancarelli, et le soin qu’il met à monter ses personnages ; des personnages durs, violents, au caractère bien trempé ; des personnages attachant, malgré tout.

Ce roman me laisse perplexe sur le fond, et le sujet, mais dont la forme ne manque pas d’atout, et qui me donne envie de revenir vers l’auteur.

Orphelins de Dieu, Marc Biancarelli
Actes Sud, Août 2014
240 pages

4ème de couverture :

Résolue à venger son frère, à qui quatre répugnantes crapules ont tranché la langue sans oublier de le défigurer, Vénérande, jeune paysanne au cœur aride, s’adjoint les services de L’Infernu, tueur à gages réputé pour sa sauvagerie, et s’embarque avec lui dans une traque sanguinaire à travers les montagnes corses du xixe siècle.
Au gré de leur chevauchée vers la tanière des Santa Lucia – la fratrie à abattre –, L’Infernu raconte à sa “disciple” son engagement, jadis, dans l’armée des insoumis, meute de mercenaires sans foi ni loi prompte à confondre patriotisme, geste guerrière et brigandage éhonté, semant terreur et chaos de vallées escarpées en villages désolés, de tavernes et bordels immondes en marécages infestés. L’abandon avec lequel L’Infernu se livre à Vénérande, au terme d’une existence passée à chercher en vain son humanité au-delà du chaos des armes, confère au sanglant baroud d’honneur de ce vaincu de l’Histoire les vertus d’une ultime et poignante transmission, qui culmine lors de l’assaut final.
Insolemment archaïque et parfaitement actuelle, cette épopée héroïque en forme de “western” réinvente superbement l’innocence des grands récits fondateurs à l’état natif, quand le commerce des hommes et des dieux, des héros et des monstres, pouvait encore faire le lit des mythes sans que nulle glose n’en vienne affadir les pouvoirs.
A propos de l’auteur :

Né en 1968, Marc Biancarelli enseigne la langue corse dans un lycée du Sud de la Corse. Poète, nouvelliste et romancier, il est l’auteur de nombreux ouvrages, tous écrits en corse, aux éditions Albiana, Ajaccio. Murtoriu est son premier ouvrage de fiction traduit en français.


 Lu comme lecteur VIP pour l'opération coup de coeur d'entrée Livre

3 commentaires:

  1. Il doit effectivement avoir une approche difficile de la "corsitude". J'avais peiné avec le roman de Jérôme Ferrari, Le serment sur la chute de Rome.

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  2. Il me parait beaucoup plus intéressant que des bouquins de la rentrée dont on nous rebat les oreilles...

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  3. Eh bien moi, je n'ai pas trouvé ce roman si corse que ça, je craignais d'ailleurs cet aspect...

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