Ellis
Island, petit ilot à quelques encablures du port de New-York, et de l’ilot abritant
la statue de la liberté a accueilli entre 1892 et 1954 près de 12 millions
d’âmes. On estime que la moitié de la population américaine a ses racines sur
cette île.
Ellis
Island était la passage obligatoire pour tout migrant, d’où qu’il vienne ;
à la fois centre de contrôle d’identité, sanitaire, centre de rétention. Il a
fermé ses portes en 1954. Il est devenu un musée qui à lui seul permet de
comprendre le melting-pot américain.
C’est
en le visitant que Gaëlle Josse eut l’idée de ce livre. Elle donne la parole à
John Mitchell, qui tel le capitaine d’un navire, sera le dernier à partir.
« C’est par la mer que tout est arrivé. Par la
mer avec ces deux bateaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi ils ne sont
jamais repartis, c’est le vif de ma chair et de mon âme qu’ils ont éperonnés
avec leurs ancres et leurs grappins. »
Sous
la forme d’un journal, tenu plusieurs fois par jour, il nous fait revivre ses émotions
d’homme, de gardien, de directeur ; dix derniers jours consignant toute une vie vécue confiné sur un bout de
terre seul parmi des milliers d’inconnus auxquels ils redonnent dignité et
beauté.
Entre
l’homme qui y vécut une histoire douloureuse, et le professionnel témoin de la
détresse et de l’extrême misère de ces
milliers d’êtres humains venus tenter une autre vie, ou fuir le dénuement ou
les persécutions, la frontière est
tenue.
L’intime
se mêle au travail. Les drames de l’un et des autres parviennent à ne faire qu’une
fresque humaine où les faiblesses de Mitchell finissent par émouvoir.
Gaëlle
Josse, avec une écriture assez dépouillée et concise, avec un texte
relativement condensé, parvient à faire un roman sensible, humain ; donne
une consistance à ses personnages, qui selon elles sont fictifs, mais bien
installés dans la réalité de l’histoire.
Gaëlle
Josse, dont c’est le quatrième roman que je lis, parvient à se renouveler ;
chaque livre est une promesse d’un nouveau voyage et de nouvelles rencontres.
L'avis de Jostein .
Le dernier gardien
d’Ellis Island, Gaëlle Josse
Editions noir et
blanc, Septembre 2014
165 pages
4ème de
couverture :
New
York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d’immigration d’Ellis
Island va fermer. John Mitchell, son directeur, reste seul dans ce lieu
déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs
qui le hantent : Liz, l’épouse aimée, et Nella, l’immigrante sarde porteuse
d’un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l’expérience de ses
défaillances et se sent coupable à la suite d’évènements tragiques. Même s’il
sait que l’homme n’est pas maître de son destin, il tente d’en saisir le sens
jusqu’au vertige.
À
travers ce récit résonne une histoire d’exil, de transgression, de passion
amoureuse, et de complexité d’un homme face à ses choix les plus terribles.
A propos de
l’auteur :
Venue à l’écriture par la poésie, Gaëlle
Josse publie son premier roman Les heures silencieuses en 2011 aux éditions
Autrement, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013.
Également parus en édition de poche, ces trois titres ont remporté plusieurs
prix, dont le Prix Alain-Fournier en 2013 pour Nos vies désaccordées. Ils sont
étudiés dans de nombreux lycées et collèges, où Gaëlle Josse est régulièrement
invitée à intervenir. Le roman Les Heures silencieuses a été traduit en
plusieurs langues et Noces de neige fait l’objet d’un projet d’adaptation au
cinéma.
Gaëlle Josse est diplômée en droit, en
journalisme et en psychologie clinique. Après quelques années passées en
Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris et vit en région parisienne.
Elle anime, par ailleurs, des rencontres
autour de l’écoute d’œuvres musicales et des ateliers d’écriture auprès
d’adolescents ou d’adultes.
Le dernier gardien d’Ellis Island est son
quatrième roman, et le premier publié par Notabilia.
Cette auteure est une virtuose. D'un tableau, d'une musique, d'un moment historique, elle narre une histoire profondément humaine. Les romans sont toujours courts mais complets. Vivement le prochain
RépondreSupprimerCelui-là, il faut vraiment que je le lise. New-York, en plus...
RépondreSupprimer