jeudi 18 septembre 2014

Le dernier gardien d'Ellis Island



Ellis Island, petit ilot à quelques encablures du port de New-York, et de l’ilot abritant la statue de la liberté a accueilli entre 1892 et 1954 près de 12 millions d’âmes. On estime que la moitié de la population américaine a ses racines sur cette île.

Ellis Island était la passage obligatoire pour tout migrant, d’où qu’il vienne ; à la fois centre de contrôle d’identité, sanitaire, centre de rétention. Il a fermé ses portes en 1954. Il est devenu un musée qui à lui seul permet de comprendre le melting-pot américain.

C’est en le visitant que Gaëlle Josse eut l’idée de ce livre. Elle donne la parole à John Mitchell, qui tel le capitaine d’un navire, sera le dernier à partir.

« C’est par la mer que tout est arrivé. Par la mer avec ces deux bateaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi ils ne sont jamais repartis, c’est le vif de ma chair et de mon âme qu’ils ont éperonnés avec leurs ancres et leurs grappins. »

Sous la forme d’un journal, tenu plusieurs fois par jour, il nous fait revivre ses émotions d’homme, de gardien, de directeur ; dix derniers jours consignant  toute une vie vécue confiné sur un bout de terre seul parmi des milliers d’inconnus auxquels ils redonnent dignité et beauté.
  Entre l’homme qui y vécut une histoire douloureuse, et le professionnel témoin de la détresse et de l’extrême  misère de ces milliers d’êtres humains venus tenter une autre vie, ou fuir le dénuement ou les persécutions,  la frontière est tenue.

L’intime se mêle au travail. Les drames de l’un et des autres parviennent à ne faire qu’une fresque humaine où les faiblesses de Mitchell finissent par émouvoir.

Gaëlle Josse, avec une écriture assez dépouillée et concise, avec un texte relativement condensé, parvient à faire un roman sensible, humain ; donne une consistance à ses personnages, qui selon elles sont fictifs, mais bien installés dans la réalité de l’histoire.

Gaëlle Josse, dont c’est le quatrième roman que je lis, parvient à se renouveler ; chaque livre est une promesse d’un nouveau voyage et de nouvelles rencontres.


L'avis de Jostein

Le dernier gardien d’Ellis Island, Gaëlle Josse
Editions noir et blanc, Septembre 2014
165 pages
 

4ème de couverture :

New York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d’immigration d’Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, reste seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l’épouse aimée, et Nella, l’immigrante sarde porteuse d’un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l’expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d’évènements tragiques. Même s’il sait que l’homme n’est pas maître de son destin, il tente d’en saisir le sens jusqu’au vertige.

À travers ce récit résonne une histoire d’exil, de transgression, de passion amoureuse, et de complexité d’un homme face à ses choix les plus terribles.

A propos de l’auteur :

    Venue à l’écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie son premier roman Les heures silencieuses en 2011 aux éditions Autrement, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013. Également parus en édition de poche, ces trois titres ont remporté plusieurs prix, dont le Prix Alain-Fournier en 2013 pour Nos vies désaccordées. Ils sont étudiés dans de nombreux lycées et collèges, où Gaëlle Josse est régulièrement invitée à intervenir. Le roman Les Heures silencieuses a été traduit en plusieurs langues et Noces de neige fait l’objet d’un projet d’adaptation au cinéma.

    Gaëlle Josse est diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique. Après quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris et vit en région parisienne.

    Elle anime, par ailleurs, des rencontres autour de l’écoute d’œuvres musicales et des ateliers d’écriture auprès d’adolescents ou d’adultes.

    Le dernier gardien d’Ellis Island est son quatrième roman, et le premier publié par Notabilia.


2 commentaires:

  1. Cette auteure est une virtuose. D'un tableau, d'une musique, d'un moment historique, elle narre une histoire profondément humaine. Les romans sont toujours courts mais complets. Vivement le prochain

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  2. Celui-là, il faut vraiment que je le lise. New-York, en plus...

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