samedi 1 novembre 2014

La couleur du lait



Elle n’a que quinze ans, elle sait à peine lire ; elle écrit comme elle parle dans le milieu rural dont elle issue. Cette langue plus qu’imparfaite, ces phrases dénuées de ponctuation et de majuscules, les fautes de grammaire sautent aux yeux du lecteur qui aura vite compris qu’elle donne tout ce qu’elle peut pour se dire, se raconter, se convaincre que c’est bien elle :Mary, et, chose capitale, qu’elle écrit de sa propre main. L’auteur réussit à donner une tonalité toute particulière en collant parfaitement au langage d’une enfant à peine alphabétisée, et qui, en dépit de ses conditions de vie dignes d’un roman de Dickens, parvient à garder sa fraicheur, et son allant.

C’est en quelque sorte un journal, qui court sur quatre saisons ; une petite année, intense année dans la vie de Mary dont le déroulé prend  à la gorge tant ce texte est criant de sincérité de spontanéité, et montre toute la misère des jeunes filles, et des femmes de la paysannerie anglaise du 19ème  siècle. Les hommes sont cruels, les femmes juste bonnes à travailler et à enfanter, des garçons, de préférence. Et quand la nature n’offre que des filles, ces dernières sont des bonnes à tout faire, vraiment tout…..
Ce roman est court, intense et terriblement émouvant.

La couleur du lait, Nell Leyshon
Phebus, Août 2014
176 pages

4ème de couverture :

En cette année 1831, Mary, une jeune fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible, en bref, une banale vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée chez le pasteur Graham, pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur. Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l’écriture… mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Finalement l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.

A propos de l’auteur :

Nell Leyshon est née à Glastonbury, dans le comté du Dorset au Royaume-Uni. Après des études de littérature anglaise à l’université de Southampton, elle s’est fait connaître par ses pièces de théâtre enregistrées pour la BBC. Son premier roman, paru en 2004, Black Dirt figurait sur la liste de l’Orange Prize. Devotion et The Voice ont remporté un franc succès. Publié en 2012, La Couleur du lait est la première œuvre de Nell Leyshon à être traduite en français.


6 commentaires:

  1. J'ai lu pas mal de bonnes critiques sur ce roman, je crois que je vais me laisser tenter...

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  2. Je ne connaissais pas (même si j'avais dû le citer) et c'est bien dommage apparemment.

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  3. Il faut vraiment que je le lise celui-ci : ça fait un moment qu'il me tente. Il faut que je lui trouve une petite place dans ma PAL.

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  4. un de mes libraires l'a lu et il me l'a conseillé fortement !

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  5. Je l'ai vu sur un autre blog et sa couverture m'a tout de suite attirée. Et maintenant, ton avis conforte mon envie.

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  6. Un très beau caractère que cette Mary. Je l'ai donc lu et ai aimé, avec quand même quelques bémols. Une belle découverte, sans être un coup de cœur.

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