dimanche 8 février 2015

Le grand cahier



Lucas et Klaus, deux jumeaux. Ils écrivent d’une seule voix, avec le nous, dans un grand cahier, leur vécu dans la campagne hongroise ravagée par la seconde guerre mondiale.

Ce qui frappe, c’est le style ; cru, lapidaire, détaché. Les phases sont courtes. Les mots claquent. L’auteur a souhaité montré à son lecteur une enfance abandonnée à son triste sort. Klaus et Lucas sont à la fois abandonnés par leur mère à une grand-mère pour le moins particulière, qui à son tour laisse ces enfants livrés à eux même, et condamnés à « s’éduquer » mutuellement. C’est dur, cruel, même. La vie ne laisse aucun répit à ces deux gamins qui très vite comprendront que d’eux seuls dépendra leur survie.

Avec une telle force, et une telle charge émotionnelle que peut susciter ce livre, Agota Kristof a eu la sagesse de faire court, pour ne pas lasser son lecteur. Malgré l’immoralité de ces enfants, on ne peut s’empêcher de s’y attacher et de faire preuve d’un peu d’indulgence à leur égard. Ils n’ont aucun repère, n’ont reçu aucune ossature ; la guerre se chargera de les pervertir.

Le grand cahier, Agota Kristof
Seuil, 1986/Points ,2011
170/190 pages
Prix du livre européen

 
4ème de couverture :

Klaus et Lucas sont jumeaux. La ville est en guerre, et ils sont envoyés à la campagne, chez leur grand-mère. Une grand-mère affreuse, sale et méchante, qui leur mènera la vie dure. Pour faire face aux atrocités qui les entourent, Klaus et Lucas vont entreprendre seuls une étrange éducation. Dans un style enfantin et cruel, chaque événement de leur existence sera consigné dans un « grand cahier ».

A propos de l’auteur :

Agota Kristof (en hongrois Kristóf Ágota) est une écrivaine hongroise née en 1935, d'expression francophone décédée en 2011 à Neuchâtel (Suisse).
À l'âge de 21 ans, Agota Kristof quitte son pays, la Hongrie, alors que la révolution des Conseils ouvriers de 1956 est écrasée par l'armée soviétique. Elle, son mari et leur fille âgée de 4 mois s'enfuient vers Neuchâtel en Suisse où elle vit depuis 1956. Son œuvre est marquée par cette migration forcée. Elle travaille tout d'abord dans une usine, avant de devenir écrivain dans sa langue d'adoption, le français.

Dramaturge à ses débuts, elle va connaître un grand succès avec sa trilogie, parue au Seuil, racontant l'histoire de deux jumeaux, traduite dans de nombreuses langues. Elle a reçu le Prix du Livre européen pour le premier tome, Le Grand Cahier, en 1987 et le Prix du Livre Inter, pour le troisième, Le Troisième Mensonge, en 1992. Le deuxième tome a pour titre : La Preuve.

En 1995, paraît son dernier roman: Hier, aux éditions du Seuil.

En 1997 et en 2007, toujours aux éditions du Seuil, sont publiés deux recueils de pièces de théâtre, respectivement : L’Heure grise et Le Monstre et autres pièces.

Elle a publié en 2004 aux éditions ZOÉ un récit autobiographique : L'Analphabète et aux éditons du Seuil un recueil de textes anciens inédits : C'est égal.

Lauréate de maintes récompenses, elle a notamment obtenu:
- Le prix Schiller, en 2005.
- Le prix autrichien pour la littérature européenne pour l'ensemble de son œuvre, en 2008.
- Un des prix Kossuth, le plus important de l’État hongrois pour les arts et la science, en 2011.

 Pour le challenge d'Enna catégorie: Objet

2/24


Pour le challenge d'Asphodèle :Prix du livre européen

 

1 commentaire:

  1. Son nom me fait tilter à chaque fois car j'imaginais (bête que je suis) que c'était une parodie d'Agata Christie. Une oeuvre dense, on dirait !^-^

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