« Les détenus du Sonderkommando
accomplissaient leur travail sous la contrainte, et au péril de leur vie. On ne
connait pas de cas de volontariat pour cette activité. Tous refusaient ce
travail, et ils étaient tous conscient qu’il permettait et accélérait l’extermination
de frères et de sœurs. »
Ils
ont malgré eux participé au massacre des leurs. Ils ont bien tenté de résister,
et on même provoqué un soulèvement. Ils se savaient condamnés. Leur seule façon
d’en avertir le monde a été d’écrire leur quotidien, et de consigner leur
témoignage sur du papier qu’ils ont enterré comme ils ont pu au sein même d’Auschwitz
–Birkenau.
C’est
ce qu’on appelle les manuscrits d’Auschwitz, ou les rouleaux d’Auschwitz. Ils
ont été retrouvés entre 1945 et 1980.
Dans
cet ouvrage, ils ne sont pas publiés en entiers, car certains n’ont, semble-t-il,
pas été traduits en français. Mais la richesse de cet ouvrage réside dans la
diversité des types de documents. S’il
comporte des extraits des écrits de Zalmen Gradowski, des historiens apportent
un éclairage très intéressant sur ce qu’ont été les Sonderkommandos, et sur l’opinion
péjorative qu’ils ont suscitée durant l’après-guerre. Surtout ne pas juger…On
ne sait jamais vraiment ce qui pousse l’homme à agir contre ses semblables.
Parfois les circonstances ne lui donnent pas d’autre choix.
Des
dépositions de survivants lors du procès de Cracovie occupent également une place non négligeable
dans cet ouvrage. C’est, pour moi, après plusieurs lectures sur le sujet, ce
que j’ai lu de plus poignant, de plus dur et de plus décortiqué.
Si
cet ouvrage hétéroclite n’est pas exhaustif, il est sans doute à ce jour le plus complet. Osons le terme d’ouvrage
de référence en la matière.
Des voix sous la
cendre, Collectif
Calmann-Lévy, Janvier
2005 /Le livre de poche Octobre 2006
448 /600 pages
4ème de
couverture :
Entre
1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau
plus d'un million de personnes, des juifs européens dans leur immense majorité.
Un Sonderkommando (unité spéciale), constitué de détenu juifs qui se relaient
jour et nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les
brûler dans les crématoires et de disperser les cendres.
Quelques
hommes ont transcrit ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de
Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre. Aucun de leurs
auteurs n'a survécu, les équipes étant liquidées et remplacées à intervalles
réguliers. Ce sont trois de ces manuscrits, dans une nouvelle traduction du
yiddish pour partie inédite en français, qui sont présentés ici.
S'y
ajoutent les dépositions, lors du procès de Cracovie en 1946, de trois rescapés
des Sonderkommandos - témoignages qui confirment, entre autres, l'intensité du
massacre des juifs de Hongrie au printemps 1944 - les documents d'histoire, les
photos de déportations, les archives allemandes.
Les auteurs :
Zalmen
Gradowski, Leijb Langfus, Zlama Dragon, Henryk Tauber, Alter Feinsilber, Zalmen
Lewental : déportés auteurs des manuscrits retrouvés à Auschwitz et/ou déportés ayant témoignés au procès de
Cracovie en 1946.
Yakov
Gabbay,
rescapé
Franciszek
Piper,
Responsable scientifique au musée d’Auschwitz.
Georges
Bensoussan,
historien, responsable éditorial au mémorial de la Shoah.
Katy
Hazan,
agrégée d’histoire, auteur de Les
orphelins de la Shoah (2000)
Gideon
Greif, historien
israélien, chercheur à Yad Vashem
Nathan
Cohen,
Carlo
Saletti,
membre de la société littéraire de Vérone, éditeur italien des manuscrits
Philippe
Mesnard,
Directeur de la
fondation Auschwitz, Professeur des Universités en littérature comparée à
l’Université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand 2.
Editeur
des inédits de Primo Levi, ainsi que des manuscrits des Sonderkommando
d’Auschwitz.
Membre
permanent du CELIS (Centre de recherches sur les Littératures et la Socio
poétique), Université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand 2
Directeur
de programme au Collège international de philosophie (Paris)
Membre
de la commission « Enseignement de la Shoah » à la FMS (Fondation pour la
Mémoire de la Shoah) à Paris
Membre
associé de l’HAR (Histoire, Art, Représentation) de l’Université Paris Ouest
Nanterre
Pour le challenge d'Enna catégorie musique (3 ème ligne)
Pour le challenge de Bianca.
Il faut beaucoup de courage pour lire ce genre d’ouvrage, je le note au cas où mais je ne sais pas si je vais pourvoir dépasser mes appréhensions. En tout cas, il semble être une référence.
RépondreSupprimerComme sentinelle, mais je pense que je ne le lirai pas. J'en ai entendu parler sur France Inter.
RépondreSupprimerLes survivants vivent avec ça en eux, ils sont doublement victimes