dimanche 22 mars 2015

Sonderkommando- Dans l’enfer des chambres à gaz



« Moi, je crois que c’est justement pour cette raison, parce que c’est à tel point inimaginable, que ceux qui peuvent raconter doivent le faire. »

Parce qu’il y a encore des gens qui doutent, ou pire encore, sont dans le déni, que ces livres doivent être édités, lus, encore et toujours.

Parce qu’on ne saura jamais assez ce que furent ces années d’anéantissement, et que bientôt il n’y aura plus de témoins vivants, ces témoignages ont toute leur place dans notre mémoire collective.

Parmi le peu de déportés revenus des camps, il y a ceux qui ont été au cœur de l’enfer, parce (malgré eux) directement en contact  et donc témoins de l’existence des chambres à gaz.

Shlomo Venezia livre ici sous la forme d’un entretien avec la traductrice son témoignage sans concession sur ce qu’il a vu, vécu, et fait durant sa déportation à Auschwitz. C’est brut, sans faux semblant, ni fioritures. Il n’épargne pas son lecteur, et c’est une bonne chose. On ne badine pas avec le sujet, et on ne tourne pas autour du pot. Il faut dire, et le dire encore. Shlomo Venezia a l’honnêteté de ne pas dire quand il n’a pas vu, il ne brode pas. Il éclaire le lecteur sur les mécanismes de l’extermination, et la planification  à grande échelle.

« Birkenau était un véritable enfer, personne ne peut comprendre ni entrer dans la logique de ce camp. C’est pour cela que je veux raconter, raconter tant que je le pourrai, mais en fiant uniquement à mes souvenirs, à ce que je suis certain d’avoir vu et rien d’autre. »

Il ne se pose pas en héros, mais en homme conscient de ses limites faces à l’inhumanité. A aucun moment il ne juge les autres.

« La solidarité n’existait que quand on avait assez pour soi ; autrement pour survivre, il fallait être égoïste. Pour ceux qui n’avaient pas assez à manger, la solidarité devenait impossible. Alors même quand il fallait prendre à quelqu’un pour survivre soi-même, beaucoup le faisait. »

« On ne sort jamais vraiment du crématoire »

Sonderkommando-dans l’enfer des chambres à gaz, Shlomo Venezia
Albin Michel, janvier 2007/ Le livre de poche, octobre 2009
272 /284 pages

 
4ème de couverture :

« Je lis de très nombreux récits d'anciens déportés qui me replongent chaque fois dans la vie du camp. Mais celui de Shlomo Venezia est particulièrement bouleversant puisqu'il est le seul témoignage complet que nous ayons d'un survivant des Sonderkommandos... La force de ce témoignage tient à l'honnêteté irréprochable de son auteur qui ne raconte que ce que lui-même a vu, sans rien omettre... Avec ses mots simples, Shlomo Venezia redonne vie aux visages émaciés, aux regards exténués, résignés et souvent terrorisés, de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qu'il croise une seule et dernière fois... La voix de Shlomo Venezia, comme celle de tous les déportés, s'éteindra un jour, mais il restera ce dialogue entre un témoin qui a vu, un des derniers, et une jeune femme, représentante de la nouvelle génération, qui a su l'écouter... » Simone Veil
A propos de l’auteur :

Shlomo Venezia est un écrivain juif italien né en 1923, et mort en septembre 2012, survivant des déportés au camp de concentration nazi d'Auschwitz-Birkenau.

Shlomo Venezia naît à Salonique, en Grèce, le 29 décembre 1923. Shlomo Venezia a été arrêté avec sa famille à Thessalonique en avril 1944 et déporté dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, l'un des trois camps qui composait le site d'Auschwitz.
Shlomo Venezia, après la libération, devint un des plus importants porte-paroles de l'Holocauste. Invité dans des émissions de télévision, dans des écoles, dans des manifestations commémorant la Shoah, il s'adressa à la jeunesse afin qu'elle soit le futur porte-parole de l'immense tragédie qui s'abattit sur l'Europe entre 1940 et 1945. On lui doit ce témoignage émouvant:

Son expérience a conduit Roberto Benigni à faire appel à lui en tant que consultant avec Marcello Pezzetti, pour le film La Vie est belle.

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