Mon
cher Wallander
Vous
et moi, n’ayons pas peur des mots, c’est du sérieux ! Je ne vous ai jamais
fait défaut, vous ne m’avez jamais déçue.
Mais,
nous le savons bien, vous et moi, les bonnes choses ont toujours une fin. Votre
"papa littéraire "avait prévenu, avec l’homme inquiet, vous auriez
droit à une retraite bien méritée.
Ce
jour, je l’ai tant redouté. Maintes et maintes fois j’ai reculé le moment de
faire le dernier voyage en votre compagnie. J’aurais bien fait encore un peu
trainer les choses…Mais votre " papa littéraire "a eu la bien
mauvaise idée de nous quitter il y a 1 mois. Alors voyez-vous, je n’ai pas pu
résister.
Je
vous avais quitté un peu usé, désabusé, et bousculé par ce monde qui change
trop vite pour vous. Je vous retrouve au bout du rouleau : votre diabète s’aggrave,
vous vieillissez, et vous avez la mémoire qui flanche.
La
ville vous incommode, si bien que vous vous vous êtes réfugié au vert, avec
votre fidèle toutou. Seule la perspective de voir Klara vous réjouit. Ah oui, j’oubliais,
vous êtes devenu grand-père ; et cela met un peu de joie dans une vie de
plus en plus morose. Votre ex-femme s’enfonce dans l’alcoolisme, votre amour de
toujours est venu vous faire ses adieux avant de s’éteindre…
Bref,
à quoi bon travailler, si ce n’est tirer au clair une sombre affaire qui
concerne directement votre fille et votre gendre. Sans cela, vous auriez sans
doute, raccroché.
Certes
ce n’est pas votre plus belle enquête. Certes vous êtes de plus en plus poussif.
Mais c’est ici, dans votre ultime aventure que vous vous révélez le plus
humain, et que vous vous faites plus attendrissant que jamais. Votre testament
est empreint de nostalgie. Vos années défilent, et vous semblez ne plus avoir
de prise sur les choses. Vous semblez baisser les bras, et laisser la pénombre
vous envahir. J’ai de la peine de vous voir aussi diminué, et je vous admire de
vouloir mener à bien votre ultime mission avant de vous éclipser en douceur, et
sans douleur.
Mon
cher Wallander, vous m’avez comblé ma vie de lectrice de polar. Et pour cela,
je ne vous remercierai jamais assez. Tout comme votre "papa littéraire "
à qui je dédie ce billet en guise d’hommage.
Adieu
Wallander.
L’homme inquiet,
Henning Mankell
Seuil, Octobre
2010/Points, Janvier 2012
500/600 pages
4ème de
couverture :
Grand-père
d’une petite Klara, Wallander a réalisé ses rêves : vivre à la campagne avec
son chien.
Après
avoir évoqué avec le commissaire la guerre froide et une affaire de sous-marins
russes dans les eaux territoriales suédoises, le beau-père de sa fille Linda,
ancien officier de marine, disparaît, puis c’est le tour de la belle-mère.
Soupçons d’espionnage. Au profit de la Russie ? Des États-Unis ? Parallèlement
à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière
enquête. C’est alors qu’il amorce sa propre plongée en profondeur : les années
écoulées et les femmes de sa vie défilent. Et la petite Klara devient son
ultime balise.
A propos de l’auteur :
Henning
Mankell, né en 1948, partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de
nombreux prix littéraires. Outre la célèbre « série Wallander », il est
l'auteur de romans sur l'Afrique ou des questions de société, de pièces de
théâtre et d'ouvrages pour la jeunesse.Il est mort le 5 octobre 2015.
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