« La
douleur est ailleurs. Elle n’est pas dans les lieux, elle n’est pas dans les choses. »
Elle
a perdu un fils, qui s’est suicidé une nuit de septembre chez elle. On ne
connait ni son nom, ni son âge. De ce fils, on ne connait pas grand-chose non
plus ; son prénom n’arrivera que tardivement dans ces pages.
C’est
une voix extérieure (dont ne sait rien non plus) qui s’exprime à l’adresse de
cette mère à la seconde personne du singulier.
Cette
voix nous dit, nous murmure même ce qu’est le quotidien, les pensées, les
faits, les gestes, les dits et non-dits d’une mère qui vient de perdre son fils.
Il
y a quelque chose de lumineux dans ces mots simples et posés avec délicatesse
là où cela fait mal. Cette voix s’interroge plusieurs fois sur ce manque de la
langue française pour nommer cet état de la perte d’un enfant. Ce mot qui, sans
doute jamais assez beau ou explicite qui pourrait donner une existence sociale
à celle et ceux accablés par ce qui n’est pas dans l’ordre des choses.
Ce
livre n’est pas sans rappeler Camille mon envolée de Sophie Daull. Mais par son
abord plus impersonnel donne plus de corps et d’âme à la souffrance sourde et
muette d’une mère, et à son combat intérieur pour que la vie, malgré tout,
continue.
« Vu
de l’extérieur, ta vie semble normale, inchangée. Alors parfois tu te sens si
honteuse. »
Une
belle découverte que je dois aux éditions Grasset, et que je remercie !
Nuit
de septembre, d’Anémique Villeneuve, chez Grasset (Mars 2016,160 pages)
Angélique
Villeneuve
est née en 1965. Après avoir vécu en Suède et en Inde, elle s’est installée
tout près de Paris. Elle a trois enfants.
Merci Mimi pour cette délicate lecture de mon livre; Mon fils avait 21 ans (je le dis au début du livre, mais cela a pu vous échapper et c'est sans importance après tout). Parler "au tu" est la façon que j'ai trouvée pour prendre un peu (un tout petit peu) de recul par rapport aux choses et à la douleur, pour inventer un creux dans lequel me placer.
RépondreSupprimerMerci de m'avoir lue ainsi! à bientôt peut-être
angélique villeneuve
je n'ai pas lu "Camille mon envolée" donc je ne peux pas comparer.
RépondreSupprimerJe n'arrive pas à avoir assez de recul pour la lecture de ce genre de livres, alors je m'abstiens au risque de louper un très bon livre
RépondreSupprimer