jeudi 30 juin 2016

Blesse, ronce noire



Rien ne permet, à la lecture de poème en prose, certes relativement  court, mais dense et hautement littéraire, de mettre des noms sur les deux personnages principaux. C’est la quatrième de couverture qui donne succinctement quelques informations : Claude Louis-Combe relate le tragique destin d’un frère et d’une sœur marqués tous deux par le poids des amours interdites.

Georg Trakl est un poète bohème ; un étudiant en pharmacie plus porté sur le voyage intérieur, et l’usage des substances illicites que par les études. Trakl et sa sœurs vont sombre dans une relation incestueuse. C’est cette relation, et surtout les conséquences irrémédiables  qui seront abordés dans ce texte superbement écrit, d’un abord plutôt âpre, et dans lequel on ne rentre pas avec aisance, c’est le moins que l’o puisse dire. Le sujet dérange, autant qu’il intrigue, parce que cet amour- là, bien que tabou et interdit n’en est pas moins sincère, assumé et pleinement vécu jusqu’au sacrifice. Il laisse au grand jour la solitude de ces enfants délaissés qui n’ont sans doute pas d’autre salut que de s’aimer, faute d’être aimés de façon plus « conventionnelle ».

On ressort lessivé de cette lecture ; belle, étrange, difficile, douloureuse, tragique, et lumineuse par moment. Tout cela à la fois…..

Blesse, ronce noire, Claude Louis-Combet, chez Corti (1995, 120 pages) , disponible en semi-poche Corti Massicotés (2002, 115 pages).


Claude Louis-Combet est né à Lyon en 1932. Philosophe, il est traducteur d’Anaïs Nin (La Maison de l’inceste, Éditions des Femmes, 1975) et d’Otto Rank (L’Art et l’artiste, Payot, 1976), éditeur chez Jérôme Millon de textes spirituels (Abbé Boileau, Histoire des flagellants, 1986 ; Jean Maillard, Louise du Néant, 1987 ; Berbiguier de Terre-Neuve, Les Farfadets, 1990), et auteur de " mythobiographies " (Blesse, ronce noire, Corti, 1995, l'Âge de Rose, Corti, 1997) et de récits hantés par la dévoration et l’inceste (Infernaux Paluds, Flammarion, 1970 ; Miroir de Léda, Flammarion, 1971 ; Tsé-tsé, Flammarion, 1972 ; Voyage au centre de la ville, Flammarion, 1974 ; Mémoire de bouche, La Différence, 1977 ; Figures de nuit, Flammarion, 1988 ; Augias et autres infamies, Corti, 1993 ; Rapt et ravissement, Deyrolle, 1996). Ce goût pour la sensualité trouble le conduit à revisiter la mythologie païenne (Le Roman de Mélusine, Albin Michel, 1986 ; Le Bœuf Nabu, Lettres vives, 1992) ainsi que l’imaginaire chrétien (Marinus et Marina, Flammarion, 1979 ; Mère des croyants, Flammarion, 1983 ; Beatabeata, Flammarion, 1985 ; Le Chef de saint Denis, Dijon, Ulysse fin de siècle, 1987) et dans ses essais (L’Enfance du verbe, Flammarion, 1976 ; Du sens de l’absence, Lettres vives, 1985 ; Écrire de langue morte, Rennes, Ubacs, 1986 ; Le Péché d’écriture, Corti, 1990 ; Le Don de langue, Lettres vives, 1992 ; Miroirs du texte, Deyrolle, 1995), il cherche à retrouver cette “langue des grands fonds” qui règne “entre le nid des entrailles et l’écume de la Voie lactée”. Il a publié en 1997 L’Âge de Rose (Corti), évocation de sainte Rose de Lima, en 1998, Le Petit œuvre poétique (Corti), en 1998 Le Recours au mythe (Corti). Un fonds Louis-Combet est en cours de constitution à l’université de Besançon.

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