Onze
ans le p’tit bonhomme…Mattia n’a que onze ans. Il vit dans une de ces
nombreuses banlieues françaises, balloté de parents en tuteurs, et confronté à
des histoires d’adultes auxquelles il a cependant compris beaucoup plus qu’on
ne l’imagine. Un gamin habitué à être seul, dans tous les sens du terme ;
un gamin qui faute d’être un crack à l’école, a l’intelligence de la rue, celle
qui lui permet de faire le dos rond en toutes circonstances, faisant mine de
céder, d’oublier, mais qui enregistre tout, et s’adapte à tout.
Il n’a pas eu beaucoup chance, Mattia ;
un père qui se suicide, une mère qui s’absente, un tuteur aimant et plein de
bonne volonté, qui lit Lamartine mais
accaparé par une compagne là mais plus
vraiment là…. Une famille un peu spéciale, pas tout à fait dans les
clous ; allez n’ayons pas peur des mots : des cas sos !
Mattia
ne sait pas tout, mais il sent les choses ; se rend bien compte qu’il y a
des gens qui rôdent. Et puis, il y a ce visage que l’on tague sur les murs,
cette justice que l’on réclame à cor et à cri.
Tout
au long de ces 290 pages, Cloé Mehdi fait, le plus souvent, parler Mattia. Un
roman noir écrit à hauteur d’un p’tit bonhomme de onze ans trop tôt embarqué
dans la vie dans adultes. Un roman noir tracé au cordeau, ultra-sensible, qui
nous pousse à un autre regard sur celles et ceux qui vivent en marge, celles et
ceux qui ne comptent pas, les souffre-douleurs des puissants, les assoiffées de
justice.
Cloé
Mehdi porte une tendresse toute maternelle pour ses personnages ; une
tendresse qui prend aux tripes et ne vous lâche pas.
Encore
une fois les éditions Jigal dont je rate
trop souvent les parutions par négligence ou faute de temps me donnent satisfaction.
Rien
ne se perd de Cloé Mehdi, chez Jigal (Mai 2016, 270 pages)
Cloé
Mehdi
est née au printemps 1992. Elle vit à Lyon. Elle commence à écrire au collège
pour faire passer le temps plus vite. S’en suit Monstres en cavale, son premier
roman, qui reçoit le Prix de Beaune 2014. Depuis elle se consacre entièrement à
l’écriture.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire