mardi 15 août 2017

Avant que les ombres s’effacent



On le sait peu (en tout cas, en ce qui me concerne, je l’ignorais totalement), mais l’état Haïtien, a contribué à la protection  des juifs dès 1939 en offrant asile, et nationalité haïtienne à celles et ceux qui quittaient les pays de la vieille Europe qui ne voulaient plus d’eux, ou qui commençaient à les interner.

Louis-Philippe Dalembert, haïtien dont je découvre ici le travail, retrace le destin d’un homme sur les bases de cette vérité historique.

Venu de Berlin, et né en Pologne qu’il a fui avec sa famille, le docteur Schwarzberg arrive en Haïti après l’emprisonnement suivi d’une longue errance, seul alors que le reste de sa famille s’est éparpillé au gré qui du retour à la Terre Promise, qui au pays accordant des visas d’immigration.

Reconnaissant de la générosité créole, il y exercera avec passion et dévouement son métier, et y construira sa vie familiale.

Alors qu’Haïti est ravagé par le terrible séisme de 2010, le docteur vieillissant se souvient et se confie. La petite fille de sa tante partie d’Israël venue au secours des haïtiens est là, l’écoute….

Dalembert, a choisi une narration indirecte comme pour respecter une forme de distance à laquelle s’est toujours astreinte Ruben ; jamais au cours de sa vie il n’est revenu sur son passé en lui  préférant le présent et surtout l’avenir.

J’ai beaucoup aimé la verve fleurie, et souvent coquine de Dalembert. Son récit est truffé d’expressions créoles qui prêtent souvent à sourire. Car que ce soit face à la détresse des haïtiens secoués par le séisme, ou celle de cette famille ballotée par l’histoire, l’auteur a choisi le registre du tendre et de l’humour pour rendre hommage à son pays et à sa bienveillance méconnue.

Avant que les ombres s’effacent, de Louis-Philippe Dalembert, chez Sabine Wespieser éditeur (Mars 2017, 300 pages)


Louis-Philippe Dalembert est né à Port-au-Prince et vit à Paris. Il a publié depuis 1993 chez divers éditeurs, en France et en Haïti, des nouvelles (au Serpent à plumes dès 1993 : Le Songe d’une photo d’enfance), de la poésie, des essais (chez Philippe Rey/Culturesfrance en 2010, avec Lyonel Trouillot : Haïti, une traversée littéraire) et des romans (les derniers en date, au Mercure de France : Noires blessures en 2011 et Ballade d’un amour inachevé en 2013). Professeur invité dans diverses universités américaines, il a été pensionnaire de la Villa Médicis (1994-1995), écrivain en résidence à Jérusalem et à Berlin, et a été lauréat de nombreux prix dont le prix RFO en 1999, le prix Casa de las Américas en 2008 et le prix Thyde Monnier de la SGDL en 2013.

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