Naïma,
est une jeune femme active. De ses origines, elle sait peu de choses, si ce n’est
que c’est en Algérie que tout a commencé. Mais de l’Algérie elle ne sait pas
grand-chose non plus…
Alice
Zeniter nus entraine sur les traces de cette famille sur 3 générations :
des montagnes de Kabylie à Paris. Ali, le patriarche est producteur d’huile d’Olive,
fidèle à la France durant ce qu’on appelle pudiquement Les évènements. Il fuira
en abandonnant tout derrière lui, emmenant femme et enfants pour se retrouver
quasiment captif dans des camps construits à la hâte.
Hamid,
le fils ainé se drape dans son silence (tout comme Ali et sa femme du reste) pour
se fondre aux autres, se construire un avenir, et une famille. Naïma, est de la
troisième génération.
C’est
dans le silence, la peur viscérale des représailles, la foi presque aveugle en un
avenir qu’ils n’ont pas eu le temps d’appréhender que cette famille va évoluer
et transmettre ses non- dits.
La
grande force de cette fresque à la fois familiale et historique ( notons au
passage le travail documentaire effectué par l’auteur afin de coller au plus près
aux réalités ) est sa qualité narrative
qui en fait un récit d’une grande fluidité .
Alice
Zeniter touche à un sujet hautement sensible, quel que soit le côté où l’on se
pose. Sans parti pris, Alice Zeniter rend néanmoins (et c’est heureux) un
hommage vibrant aux harkis répudiés-si n’est pire- dans leur pays de naissance,
et maltraités dans leur pays d’adoption. On ne dira jamais assez les horreurs
dans les camps de Rivesaltes, où il y eu malgré tout de doux moments de solidarité.
La
boucle semble bouclée quand Naïma à la faveur d’un déplacement professionnel va
à la rencontre de sa famille restée au village ; rencontre teintée de
moments émouvants et chaleureux.
Ce
roman que l’on prend à pleines mains pour ne pas le lâcher se lit ave à la fois
facilité et gravité. Il semble bien engagé dans les premiers prix littéraires
de la saison. J’espère qu’il aura devant lui un beau parcours .
L’art
de perdre, d’Alice Zeniter, chez Flammarion (Août 2017,510 pages)
Alice
Zeniter
est née en 1986.Normalienne, en thèse d'études théâtrales à la Sorbonne
nouvelle,elle a vécu plusieurs années en Hongrie où elle a entre autres
enseigné le français. Elle écrit aussi pour le théâtre (lauréate de l'aide à la
création du Centre National de Théâtre en 2010), a collaboré à plusieurs mises
en scène de la compagnie Pandora et travaille comme dramaturge et auteur pour
la compagnie Kobal't.
"Deux
moins un égal zéro", son premier livre publié à 16 ans (éditions du petit
véhicule), lui a valu le Prix littéraire de la ville de Caen. "Jusque dans
nos bras", publié en 2010, a été récompensé par le Prix littéraire de la
Porte dorée et le Prix de la Fondation Laurence Trân.
"Sombre
dimanche" reçoit le Prix Inter et le prix des lecteurs l'Express 2013.
En
2015, elle publie "Juste avant l'oubli".
Elle
collabore à l'écriture du long métrage Fever, une adaptation du roman éponyme
de Leslie Kaplan, réalisé par Raphaël Neal et sorti en 2015.
Peut-être...
RépondreSupprimer100% d'accord, je viens de le terminer et je trouve ce roman remarquable tant par sa narration que la pédagogie dont fait preuve l'auteur. J'ai l'impression de mieux comprendre... et je ne me suis pas ennuyée une seconde !
RépondreSupprimerJe vais le lire avec la sélection finale pour le Prix Landernau...
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