« (..)
son corps tel un rappel de la cruauté et de l’imperfection du Créateur. »
Madhu
est née femme et homme ; elle est la honte de sa famille. C’est une hijra,
qui croise la route d’une "sage femme" la privant de ses attributs
inutiles, et la jetant sur les trottoirs de Bombay. Alors que l’âge ne lui
permet plus de se prostituer, une autre mission
lui incombe : recueillir une enfant népalaise ,vendue par sa
famille et promise à un vieux qui doit "l’ouvrir". La petite perd son
nom, elle devient " le colis".
Ce
roman emporte le lecteur sur deux chemins ; celui de la préparation du
colis -expression horrible mais qui s’impose au regard de l’atmosphère de cette
histoire- et celui de la propre vie de Madhu dont les souvenirs sont évoqués au
fil du livre.
Le
quartier rouge de Bombay concentre la misère, la violence, la déchéance humaine
et surtout féminine, les rebus d’une société peu encline à accepter la
différence et qui se débarrasse de ses enfants.
Roman
dur, extrêmement dur, ce livre remue tant il semble tout droit sorti de la
réalité. Il est si noir, si glaçant que l’on peine à imaginer qu’une petite
lumière peut surgir malgré tout.
C’est
un sentiment de malaise qui m’enveloppe
dès début ; une impression de voyeurisme devant le propos qui parfois peut-
être cru. Et pourtant, au fil des pages, la force des personnages, la
souffrance de Madhu prend aux tripes ; car les richesses de cette
histoires nous sont instillées quasiment au goutte à goutte.
J’ai
très peu lu de littérature indienne, par manque de temps, manque de bonnes idées,
pour plein de mauvaises raisons. C’est bien dommage, car ce livre-là me
poursuivra longtemps, je crois. Je me souviendrai longtemps de Madhu.
Un
livre coup de poing, le premier de l’année !
Un
grand merci aux éditions Philippe Rey pour l’envoi de ce livre.
Le
colis de Anosh Irani, traduit de l’anglais (Inde) par Mélanie Basnel, aux éditions
Philippe Rey (Janvier 2018, 335 pages)
Né
et élevé à Bombay, Anosh Irani s’est installé à Vancouver (Canada) en
1998. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Le chant de la cité sans
tristesse est son second roman.
Cela fait longtemps que tu n’avais pas eu un coup de coeur. En plus, à Bombay. Ça mérite que j’y regarde de plus près. Mais pas tout de suite
RépondreSupprimerMalgré ton coup de cœur le sujet me rebute totalement.
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