jeudi 25 janvier 2018

Le colis



« (..) son corps tel un rappel de la cruauté et de l’imperfection du Créateur. »

Madhu est née femme et homme ; elle est la honte de sa famille. C’est une hijra, qui croise la route d’une "sage femme" la privant de ses attributs inutiles, et la jetant sur les trottoirs de Bombay. Alors que l’âge ne lui permet plus de se prostituer, une autre mission  lui incombe : recueillir une enfant népalaise ,vendue par sa famille et promise à un vieux qui doit "l’ouvrir". La petite perd son nom, elle devient " le colis".

Ce roman emporte le lecteur sur deux chemins ; celui de la préparation du colis -expression horrible mais qui s’impose au regard de l’atmosphère de cette histoire- et celui de la propre vie de Madhu dont les souvenirs sont évoqués au fil du livre.

Le quartier rouge de Bombay concentre la misère, la violence, la déchéance humaine et surtout féminine, les rebus d’une société peu encline à accepter la différence et qui se débarrasse de ses enfants.

Roman dur, extrêmement dur, ce livre remue tant il semble tout droit sorti de la réalité. Il est si noir, si glaçant que l’on peine à imaginer qu’une petite lumière peut surgir malgré tout.

C’est  un sentiment de malaise qui m’enveloppe dès début ; une impression de voyeurisme devant le propos qui parfois peut- être cru. Et pourtant, au fil des pages, la force des personnages, la souffrance de Madhu prend aux tripes ; car les richesses de cette histoires nous sont instillées quasiment au goutte à goutte.

J’ai très peu lu de littérature indienne, par manque de temps, manque de bonnes idées, pour plein de mauvaises raisons. C’est bien dommage, car ce livre-là me poursuivra longtemps, je crois. Je me souviendrai longtemps de Madhu.

Un livre coup de poing, le premier de l’année !

Un grand merci aux éditions Philippe Rey pour l’envoi de ce livre.

Le colis de Anosh Irani, traduit de l’anglais (Inde) par Mélanie Basnel, aux éditions Philippe Rey (Janvier 2018, 335 pages)


Né et élevé à Bombay, Anosh Irani s’est installé à Vancouver (Canada) en 1998. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Le chant de la cité sans tristesse est son second roman. 

2 commentaires:

  1. Cela fait longtemps que tu n’avais pas eu un coup de coeur. En plus, à Bombay. Ça mérite que j’y regarde de plus près. Mais pas tout de suite

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  2. Malgré ton coup de cœur le sujet me rebute totalement.

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