Voyage
au bout de l’infâme….
Earl
Thompson, qui est mort prématurément il y a bien longtemps, nous conte l’histoire
de Jack, un petit garçon du Kansas au temps de la grande dépression. Sa mère
est une immature, nymphomane, plus douée pour le sexe que de ses dix doigts.
Elle perd son mari très tôt, et part on ne sait trop où, avec on ne sait trop
qui, laissant Jack aux bon soins de grands-parents, miséreux, plein d’amour et
de courage pour se maintenir la tête hors de l’eau et assurer à Jack un minimum
d’éducation.
Alors
qu’un beau jour Wilma, fraichement remariée, revient chercher son fils pour lui
offrir à nouveau une vraie vie de famille, on se prend à espérer…. Erreur….
C’est
à une lente et terrible descente aux enfers que nous assistons ; un voyage
sans retour dans un univers peuplé de truands, de prostituées ; un monde
qui pue le sexe, l’inceste, la zoophilie ; un monde d’oubliés, de laissés
pour compte.
Un
monde que, de mémoire de lectrice, je n’avais encore jamis approché de près.
Il
faut une bonne dose de courage pour affronter une langue fleurie, comme j’en ai
rarement lue, mais qui colle parfaitement à l’histoire ; il faut saluer le
travail d’orfèvre du traducteur.
Et
puis il y a ce style qui dans de rares moments de calme donne au lecteur le
temps de respirer, et de reprendre-un eu-confiance pour mieux le jeter dans la
mélasse et la luxure et le prendre à gorge.
Dans
cet univers nauséabond et malsain, il y a pourtant des raisons d’espérer. Jack se
démène pour sa mère ; il l’aime, mal, mais ce gosse est à sa façon un cœur pur,
inconscient du milieu dans lequel il vit, et ignorant des bases éducatives
parce qu’il ne les a pas reçues, tout simplement.
Un
jardin de sable, dans sa noirceur laissera son empreinte, comme rarement un livre
peut me marquer. A ce point, cela se produit, une ou deux fois par an, rarement
3 ; c’est dire.
Difficile
cependant de parler de coup de cœur ; trop dur, trop violent, trop percutant….
Un livre coup de poing, beau et répugnant, attendrissant et révoltant ;
tout cela à la fois.
A
lire, si vous le pouvez…..
Un
jardin de sable de Earl Thompson, traduit de l’américain par Jean-Charles Khalifa, aux éditions Monsieur Toussaint
Louverture (Janvier 2018, 830 pages ; première parution en 1970)
Earl
Thompson
est un écrivain américain, né à Wichita (Kansas) en 1931, et mort à Sausalito
(Californie) en 1978.
Il
a servi dans la Marine américaine de 1945-1946 et dans l'Armée à partir de
1948-1954, servant en tant que Sergent de Première Classe, chef de char, et le
Premier Sergent.
Au
début des années 1950, il a étudié le journalisme à l'Université du Kansas. Il
a fréquenté l'Université du Missouri de 1954-1957, et l'Université de Columbia
en 1959-1960.
"Un
Jardin de sable" (A Garden of Sand, 1970), son premier roman, est nommé
pour le National Book Award.
"Tattoo"
(1974), son second roman, est choisi par le Book of the Month Club.
Earl
Thompson est décédé subitement à l'apogée de son succès, après avoir publié
seulement trois romans dont "Caldo Largo" (1976).
Le
quatrième "The Devil to Pay", a été publié à titre posthume, en 1982.
Pas certaine de pouvoir encaisser cette violence, surtout que c’est tout de même un petit pavé.
RépondreSupprimer