Mais
au fond comment fonctionnent ces types ? Bien entendu, personne n’a de réponse.
Yamina
Khadra, pas plus que les autres ne prétend saisir ce qui se passe dans la
psyché d’un individu programmé pour tuer. Mais, et c’est toute la magie de la
fiction littéraire, il imagine, se met dans la tête de Khalil sensé se faire
sauter au Stade de France un soir de novembre 2015. Parce que l’histoire eût
été trop simple si la ceinture d’explosifs avait fonctionné à l’instant T.
Comment
réagit l’individu en question ? Comment fait-il le vide autour de
lui ? Comment se met-il à douter ? Comment voit-il et ressent-il ce
que l’on décide pour lui ? Comment rentre-t-il en interaction avec son
environnement familial ? Comment appréhende-t-il l’incidence de ses actes
ou eux de comparses sur ses proches ?
Telles
sont les questions auxquelles Yasmina Khadra tente de répondre en suivant à la
trace Khalil, en voulant nous montrer
chacun des aspects d’une personnalité complexe et torturée. Yasmina Khadra, loin
du portrait caricatural du terroriste abjecte et manipulé, parviendrait
presque, je dis bien presque, à le prendre en pitié.
Une
lecture forte pour moi de par le ton juste qu’emploie Yasmina Khadra, et son
apparente facilité qui révèle un texte fouillé.
Khalil
de Yasmina Khadra chez Julliard (Août 2018, 260 pages)
Yasmina
Khadra
est le pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul.
Son
père, officier de l'ALN blessé en 1958, veut faire de lui un soldat en
l'envoyant dès l'âge de neuf ans dans un lycée militaire, où il fait toutes ses
études avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant 36 ans.
Durant la période sombre de la guerre civile algérienne dans les années 80-90,
il est l'un des principaux responsables de la lutte contre l'AIS puis le GIA,
en particulier en Oranie.
Moammed
Moulessehoul choisit en 1997, avec le roman Morituri, d'écrire sous pseudonyme.
Diverses raisons l'y poussent, mais la première que donne Moulessehoul est la
clandestinité. Elle lui permet de prendre ses distances par rapport à sa vie
militaire et de mieux approcher son thème cher : l'intolérance.
Il
démissionne de l'armée algérienne en 2000, pour se consacrer à sa vocation:
l'écriture, et choisit de s'exprimer en langue française. Après un court
passage au Mexique, il vient s'installer en 2001, en France, où il habite
encore aujourd'hui. En 2002 dans "L'imposture des mots",
Khadra-Moullessehoul répond aux attaques qui fustigent son passé militaire.
Il
choisit de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en
particulier, en prenant ses deux prénoms, Yasmina Khadra, et ne révèle son
identité masculine qu'en 2001 avec la parution de son roman autobiographique
"L'Écrivain" et son identité tout entière dans "L'imposture des
mots" en 2002. A cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre
de lecteurs et de critiques.
Parmi
ses ouvrages, on peut citer "Morituri" (Baleine, 1997),
"L'automne des chimères" (Baleine, 1998), "A quoi rêvent les
loups" (Julliard, 1999)," Ce que le jour doit à la nuit " et "Cousine K" (Julliard, 2003), où se
déploie le "style Khadra" alliant lyrisme, métaphores inattendues,
dépouillement et poésie. Style qui atteint son apogée avec
"L'Attentat" (Julliard), retenu par les jurys du Goncourt et du
Renaudot en 2005 et titulaire du prix des libraires 2006, les anges meurent de nos blessures;
En
2010, l'auteur délaisse pour un temps le sujet du conflit au Moyen-Orient, au
cœur des "Hirondelles de Kaboul" (2002) et "Les Sirènes deBagdad" (2006), pour écrire un conte moral : "L'Olympe des
infortunes".
En
2015, il publie "La dernière nuit du Rais". En 2016, il publie
"Dieu n'habite pas La Havane".
Sujet très intéressant. Et traité par cet auteur, je vais sûrement aimer aussi
RépondreSupprimerJe le pense aussi, et puis quelle plume !
RépondreSupprimeril est génial cet auteur
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