Elle
n’a pas de nom, pas d’emploi stable, pas de conjoint ou du moins plus de
conjoint. Elle vit seule, sans le sou, Elle a un petit de 2 ans qu’elle aime de
toutes ses forces, mais qui la tient. Elle est dans un cercle vicieux :
pas d’argent pour faire appel à une garde d’enfants, donc pas les moyens d’occuper
un emploi à temps plein hors du
domicile, donc pas de revenus ou si peu, donc des dettes par ci par là, donc
pas de garde, pas de…..
Elle
a donc son petit avec elle en permanence ; pas moyen de souffler, de se
divertir, de s’échapper. Alors, son portable en poche en guise d’alarme, quand
bébé dort, elle s’accorde un court moment à elle, dehors ; un parcours
minuté pour revenir avant que bébé ne se réveille, avant la catastrophe. Chaque
jour un peu plus, chaque jour un peu plus loin, un peu plus de liberté…
Telle
la chèvre de Monsieur Seguin qui un jour quitte l’enclos pensant trouver au loin
la liberté qui lui manquait tant, cette femme joue avec le feu, tire sur la
corde, jusqu’au jour où…..
Carole
Fives nous conte l’histoire d’une femme qui pourrait être l’histoire de toutes
ces mères seules avec enfant, démunies, invisibles,
aimantes, et qui pour quelques moments de légitime liberté mettent (souvent inconsciemment)
en danger leur enfant avec pourtant la volonté de bien faire ; ces femmes
au parcours divers, ces femmes
esseulées, abandonnées ou celles qui se sont fait piégées, ont rêvé,
espéré ; celles qui tiennent envers et contre tout, celles qui dignement
attendent des jours meilleurs, ou une pension qui leur est due.
Il
y a dans ce roman beaucoup de délicatesse et, une infinie tendresse pour cette femme.
Carole Fives a un sens de l’observation aiguisé, et ce dans les moindres
détails de la vie courante d’une jeune maman.
Un livre plein d’humanité que l’on lit en apnée.
Un
grand merci aux éditions Gallimard et Babélio pour cette lecture
Tenir
jusqu’à l’aube, de Carole Fives, chez l’arbalète Gallimard (Août 2018, 180
pages)
Carole
Fives est une écrivaine-portraitiste-vidéaste, chroniqueuse d’art, plasticienne
née en 1971.
Après
une licence de philosophie à l'Université Toulouse Le Mirail et un master
d'arts plastiques, elle obtient le diplôme national supérieur d'expression
plastique de l'école des beaux-arts de Toulouse.
Elle
a commencé à écrire pour expliquer son travail de peintre et depuis elle n’a
plus arrêté.
Après
un passage par Paris, Bruxelles et Lille Carole Fives vit à Lyon et partage son
temps entre les arts plastiques et la littérature.
Pour
"Quand nous serons heureux", elle a reçu le Prix Technikart 2009, présidé
par Alain Mabanckou. Elle est lauréate de la fondation Mac Dowell, New
Hampshire, États-Unis, en 2013.
Tout le monde en dit du bien. Je crains un peu le côté mélo.
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