mercredi 26 décembre 2018

Roissy


« Moi qui suis qu’une ombre en transit »

Ce livre au titre évocateur ne pouvait que me plaire. Pour moi, Roissy est une invitation au voyage, une promesse d’évasion, de découverte, une porte ouverte sur le monde. Mais que savons-nous au juste de Roissy ? Qui sont tous ces gens que l’on rencontre, valise à la main ? Tous des voyageurs ? Pas sûr, en réalité…
La narratrice erre sans fin dans d’un terminal à l’autre, jamais habillée ni coiffée de la même façon, toujours un bagage à la main, jamais le même. Elle s’invente des destinations, des provenances, s’attache à tous ceux qu’elle côtoie et rencontre, s’applique à se fondre le plus possible dans la masse.
Être transparente et invisible ; tel est son but ; passer inaperçue, ne pas être remarquée, ne pas éveiller les soupçons. Elle n’a plus de mémoire ; ne sait plus qui elle est, et comment elle est arrivée là, ni pourquoi. Elle a bien quelques flashs, lors de nuits cauchemardesques, mais qui ne l’avancent guère. Elle fuit sans cesse, les lieux et les hommes ; jusqu’au jour où….

Roissy est le portrait touchant et tout en retenue d’une femme confrontée à sa mémoire et à sa renaissance. C’est également un voyage immobile et fascinant au sein d’une institution en perpétuel mouvement, dont on ignore beaucoup. Il est certain que la prochaine fois que je me trouverai à Roissy, je ne regarderai plus tout à fait de la même manière celles et ceux que je croiserai.

Je note l’extrême gentillesse de l’auteur croisée à Nancy.

Roissy de Tiffany Tavernier, chez Sabine Wespieser éditeur (Août 2018,280pages)


Tiffany Tavernier est romancière et scénariste. Née en 1967, elle est la fille de la scénariste Colo Tavernier et du réalisateur Bertrand Tavernier. Son premier roman, Dans la nuit aussi le ciel (Paroles d’aube, 1999 ; Points, 2000), retrace son expérience dans les mouroirs de Calcutta, à dix-huit ans. Depuis lors, elle n’a cessé de voyager de par le monde, notamment en Arctique, où elle situe son roman suivant, L’Homme blanc (Flammarion, 2000 ; Points, 2001). Après avoir publié chez Grasset (Holy Lola, en 2004, le roman inspiré par le scénario qu’elle écrivit pour son père avec Dominique Sampiero), au Seuil, aux éditions des Busclats (Comme une image, 2015, qui revient sur son enfance sur les plateaux de cinéma) ou chez Tallandier (une biographie d’Isabelle Eberhardt, en 2016), Tiffany Tavernier rejoint le catalogue de Sabine Wespieser éditeur.

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