Ne
nous racontons pas d’histoires, nous avons tous un jour, pâli d’admiration -et
peut-être d’envie- devant un objet ou une statuette en ivoire, ou la beauté d’un
piano de concert ; (à ceci près que l’industrie du piano a arrêté son
usage pour les touches blanches depuis 1970 ).
Cette
matière unique et magique ne provient ni du ciel, ni des entrailles de la terre,
ni du travail de l’homme. Pire que cela, elle provient de la cruauté des
hommes, massacrant sans vergogne, depuis la nuit des temps, l’éléphant, aujourd’hui
en danger d’extinction faute d’avoir pu être protégé à temps.
Il
existe bien des traités, des conventions, des listes, des grandes déclarations d’intention.
Rien n’y fait, la demande d’ivoire ne faiblit pas, il faut donc fournir la
marchandise. Faute de pouvoir le faire de manière légale puisque le commerce
est interdit (hélas pas partout…), certains pays se livrent à des trafics qui
alimentent non seulement la demande de certains pays, mais qui financent le
terrorisme.
Après
un premier roman particulièrement réussi sur le travail de mémoire en Namibie (
Cartographie de l’oubli), Niels Labuzan, nous emmène non loin de là, au
Botswana, à la rencontre de 3 personnages impliqués dans la défense des éléphants
et la lutte contre le trafic d’ivoire dans ce pays en particulier et en Afrique
Australe en général.
Le
Botswana est le pays qui concentre à l’heure actuelle le plus grand nombre d’éléphants
de part sa faible population, les surfaces gigantesques des parcs nationaux, et
parce qu’il est l’un des pays les plus sévères concernant la protection de sa
faune sauvage.
S’il
s’agit d’une œuvre romanesque, ne nous y trompons pas, ce livre est un constat
sévère du problème. Il montre le grand déséquilibre entre les bonnes mesures
gouvernementales, les actions des ONG, et la puissance économique de certaines
nations -la Chine en particulier- qui rend la protection des éléphants, et de
la faune sauvage africaine en général difficile voire impossible sur le long terme.
Les acteurs du trafic sont d’une imagination sans limite, et bénéficient d’appui
venant de très haut.
Niels
Labuzan est très explicite sur la cruauté de l’homme ; si les images des
reportages télévisés sont fortes, les mots de l’auteur le sont tout autant, et
font mal, extrêmement mal !
Jamais
je n’oublierai ces animaux croisés à plusieurs reprises en Afrique Australe ;
le regard doux et profond de cet animal reste gravé en moi, tout comme son puissant
instinct de protection à l’égard des petits. Ces images étaient omniprésentes à
la lecture des mots de Niels Labuzan, tout comme la révolte qui m’a submergée
et mon sentiment d’impuissance !
Dans
30 ans, si on ne fait rien il n’y aura plus un seul éléphant en Afrique. Doit-on s’y résigner ?
Merci
aux éditions Lattès et Netgalley pour la lecture de ce livre en format
numérique.
Ivoire
de Niels Labuzan, chez Lattès (Janvier 2019,350 pages)
Niels
Labuzan est né en 1984. Il est l’auteur d’un premier roman remarqué,
Cartographie de l’oubli, publié aux éditions Lattès en 2016.
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