Alejandro
a quinze ans ; il étudie au lycée. Et parce que voulant devenir marin afin
d’aider sa mère veuve lui fût refusé, Alejandro se glisse clandestinement à
bord d’une corvette de la marine chilienne devant accomplir son dernier voyage
avant d’être désarmée.
Découvert,
et implorant le capitaine, il devient le dernier mousse, prenant ainsi sa
part à la dure vie des marins des mers du sud.
Francisco
Coloane nous fait entrer dans ce monde de vieux durs au cœur tendre rompus à la
rudesse des éléments ; solidaires et impitoyables à la fois ; maîtres
d’eux et de leurs sentiments, mais infiniment humble devant la nature qui prend
ici toute sa place.
Francisco
Coloane, sous les traits d’un jeune garçon qui s’émancipe au fil des pages, nous
délivre un message d’humanité et de profond respect pour les peuples oubliés de
la Terre de feu ; à ce titre la fin dont je ne dirai absolument rien, est aussi
inattendue d’émouvante.
Francisco
Coloane a la prose efficace ; il va droit au but dans un style percutant
et précis ; ni rondeur et ni circonvolutions ; il faut affronter le
gros temps ; pas plus on ne tergiverse qu’on ne s’épanche.
Je
lis ici l’auteur pour la troisième fois (Le sillage de la baleine / Le passant du bout du monde) ; et j’en apprécie davantage l’univers avec le temps.
Le
dernier mousse de Francisco Coloane, traduit de l’espagnol (Chili) par François
Gaudry chez Phébus (1996, 130 pages), disponible en poche chez libretto (Mai
2014 ;130 pages)
Francisco
Coloane est un écrivain chilien, né à Quemchi, Chiloé en 1910 et mort à
Santiago en 2002 .
Son
père Juan Agustín qui décède, vaincu par le diabète, alors que Francisco n'a
même pas dix ans, était capitaine du Yelcho, le premier baleinier du Chili. Sa
mère, Humiliana Cárdenas, était agricultrice.
En
1923, il fait son premier voyage sur l'océan pour rejoindre Punta Arenas, à
l'extrême sud du pays. Il s'y installe avec sa mère et fait ses études au
séminaire de Ancud. Mais comble de malheur, sa mère décède à son tour en 1925.
A
l'âge de 17 ans, Francisco abandonne le collège pour gagner sa vie. Il fait son
service militaire et multiplie les expériences professionnelles : éleveur de
moutons, dresseurs de chevaux, ouvrier agricole, baleinier, etc. Ces
expériences lui permettent de côtoyer la population des régions arctiques où se
mêlent marins, chasseurs de phoques, chercheurs d'or, contrebandiers,
trafiquants et aventuriers mais aussi de connaître le mode de vie des Indiens
dont il sera un grand défenseur.
Il
écrit son premier conte intitulé "Chiens, chevaux, hommes", imitant
l'œuvre de Ferdinand Ossendowski ("Bêtes, hommes et dieux").
C'est
pendant un voyage à bord du navire école General Baquedano, qu'il a l'idée
d'écrire "Le Dernier Mousse", publié en 1941 et qui sera lu par deux
générations de chiliens. Le livre conte les aventures du jeune Alejandro Silva
Cáceres qui s'embarque clandestinement à bord du Baquedano, une corvette de la
marine dont c'est le dernier voyage et qui sera désarmée lors de son retour au
port.
Il
exerce la fonction d'inspecteur du travail à Punta Arenas, ce qui lui permet
d'observer les rapports entre patron et employé, constatant tous les abus et
les désarrois.
En
1936, il repart pour Santiago et occupe un poste au Service Culturel au
Ministère du Travail. Il s'y lie d'amitié avec Pablo Neruda, Nicómedes Guzmán,
Oreste Plath et d'autres écrivains empêtrés dans la bureaucratie pour pouvoir
survivre.
En
1941, il reçoit le Prix du concours Zig-Zag pour "Le Dernier Mousse".
En 1964, il reçoit le Prix National de Littérature, et en 1966 il est élu
Président de la Société des Écrivains du Chili. En 1980, il devient membre de
l'Académie chilienne de la Langue. En 1997, il est fait Chevalier des Arts et
des Lettres en France.
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