vendredi 22 février 2019

Tout le bleu du ciel


La vie n’en a jamais terminé. Il l’a bien compris. Tant qu’il décidera qu’il n’est pas mort, elle continuera de lui jouer de drôles de tours. Et il n’est pas mort. Au contraire. Il ne s’est jamais senti aussi vivant.

Confronté brutalement à l’annonce de votre fin prochaine sans autre alternative que de vagues essais cliniques dont personne ne peut vous assurer d’un quelconque effet bénéfique, quelle serait votre réaction ?

Emile a vingt-six ans, des parents, une sœur, un très bon copain. Le verdict est tombé, il est atteint d’une maladie orpheline, sorte d’Alzheimer précoce qui ne lui laisse pas plus de deux ans devant lui.

Il partira car son dernier rêve est plus fort que sa peur.

Emile l’a décidé ; il ne veut pas s’offrir en spectacle affligeant de celui qui perd peu à peu la mémoire et ses facultés motrices, pas plus qu’il ne veut se jeter dans les bras du corps médical friand d’essais en tout genre. Il souhaite vivre les quelques mois qu’il lui reste comme il l’a décidé et accompagné de celle que le hasard lui amènera.
A la faveur d’une petite annonce, Joanne est prête à faire avec Emile l’ultime voyage.

Elle est là pour recevoir les instructions et veiller à ce qu’elles soient respectées. Rien de plus. C’est leur contrat tacite. ″

Deux êtres qu’au départ tout sépare, qui ne connaissent absolument rien de l’autre, mais qui sur la base d’une solide confiance et d’un profond respect mutuel entament un genre de road-moovie qui les mènera dans les Pyrénées et sur la côte languedocienne mais également au cœur de leurs deux âmes d’écorchés vifs.

Leur route est jonchée de péripéties, de petits bonheurs quotidiens, de rencontres formidables. Mais, la maladie évolue, trace son sillon. Emile qui est lucide, consigne ses pensées, ses souvenirs, ses souhaits pour le futur, écrit des lettres qu’il poste, discrètement, à sa famille pour qu’elle ne le cherche pas. Emile s’en remet totalement à Joanne qui au fil du voyage se révèle et brise sa carapace. Leur relation change, et prend un chemin qui forge l’admiration.

C’est une promesse que je te fais, ou plutôt…plutôt un engagement que je prends…pour tu sois certain que je suivrai tes instructions jusqu’au bout, que je protégerai ta liberté coûte que coûte, que je veillerai sur toi jusqu’à la fin…

Cette fin, le lecteur la voit venir, bien entendu ; il n’y aura pas de miracle… mais quel dénouement qui parviendra, et la chose est suffisamment rare pour que je l’évoque, à me brouiller la vue.

 Quel panache de la part de Joanne tout de même !

Ce livre pouvait laisser voir un petit roman léger. Il est tout sauf léger ; Il gratte le corps médical dans son jusqu’au boutisme absurde et inhumain et dans son incapacité à laisser le patient se réapproprier sa vie et sa mort.

Une véritable déflagration !

Un grand merci aux éditions Carnet nord et Gilles Paris pour l’envoi de ce livre

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa, aux éditions carnets nord (Février 2019,650 pages)


Mélissa Da Costa a vingt-huit ans. Après des études d’économie et de gestion, elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat. Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.

1 commentaire:

  1. Premier billet que je vois sur ce livre et c'est très tentant. 650 pages, vraiment? On est effectivement loin du "petit roman léger" ;-) Mais je vais quand même m'y intéresser.

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