« Se distinguer par sa langue et sa tenue
permet de réduire au minimum les échanges avec le monde extérieur, et contribue
à vous en maintenir à l’écart. Limiter l’éducation profane, et le savoir venu
de l’extérieur tient à distance les idées étrangères. »
Si
l’on décrit, à raison, l’intégrisme musulman pour sa sévérité, sa rigidité et
ses multiples interdits incompréhensibles aux yeux d’un chrétien, qui plus est laïc,
le hassidisme, ou l’application stricte de la religion juive n’en est pas moins
archaïque et liberticide.
Ce
récit est le parcours d’un homme issu d’une des communautés hassidiques les
plus extrêmes des USA, élevé dans ses principes, marié au sein de sa communauté,
et qui au fil des années et de ses explorations du monde moderne auquel les
juifs orthodoxes n’ont pas droit, va peu à peu perdre la foi, s’affirmer dans son
émancipation et finalement se faire exclure de sa communauté.
Être
chassé d’une localité où vit en vase clos une groupe homogène et surtout très
solidaire de personnes partageant les mêmes valeurs, fait d’un homme, père de
famille qui plus est, un véritable paria, rejeté aussi par ses enfants.
Je
connaissais le mouvement hassidique, mais pas jusque dans le détail de ses pratiques,
de ses obligations, ni de ses interdits absolus. A cet égard, ce récit est
extrêmement bien fait, facilement compréhensible, même dans ce que la religion
peut comporter d’ésotérisme.
Par
ailleurs, habilement construit, dans ce récit se succèdent les quatre étapes de
vie de l’auteur depuis sa vie intra-communautaire, jusqu’à celle de sa nouvelle
vie de non pratiquant, en passant par sa période de doute le conduisant à
perdre la foi puis par celle de toutes les transgressions le conduisant à son
exclusion.
Quelle
que soit la religion, l’endoctrinement et la manipulation spirituelle ne donne
jamais rien de bon. De la manipulation de la jeunesse qui se voit privée de
tout accès légitime à la culture et à l’ouverture d’esprit, à l’intolérance au
sein du couple et de la communauté, l’application pure et radicale d’un courant
de pensée quel qu’il soit détruit davantage qu’il ne construit.
Je
remercie masse critique Babélio et les éditions Points pour
l’envoi de ce livre.
Celui
qui va vers elle ne revient pas de Shulem Deen, aux éditions Globe (Mars 2017,
416 pages) disponible en poche chez Points (Janvier 2019, 470 pages)
Shulem
Deen est né à New
York en 1974. Il vit loin de sa femme et de ses cinq enfants et travaille à
Brooklyn, où il anime un blog littéraire permettant à d’autres Juifs hassidiques
de partager leurs interrogations. Il écrit pour The Forward, Tablet et Salon,
et a reçu le National Jewish Book Award pour Celui qui va vers elle ne revient
pas, son premier roman.
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