Beaucoup ont dit et raconté l’exil ; il y en a
qui sont passés sans laisser de traces, à mon point de vue en tout cas, et il y
a ceux dont on se souviendra. Marx et la poupée est de ceux- là. Sans pathos,
ni optimisme béat, Maryam Madgidi nous parle de l’exil, de son exil, de son
rapport à la langue qu’elle réinvente et ″avale‶ faute de pouvoir parler la
sienne.
« La langue
prend forme dans le secret de ma bulle, de mon monde intérieur, mon placenta à
moi. »
Maryam est petite fille lorsque qu’elle quitte l’Iran
avec sa mère pour rejoindre le père déjà à Paris. La famille fuit un régime qui
emprisonne un certain nombre de ses membres.
Ce récit de l’exil commence bien avant la naissance de
l’auteur. Il narre trois naissances : l’originelle, celle de l’exilée
arrivant, et celle qui fait la synthèse des deux retrouve sa langue.
Le conte persan n’est jamais bien loin, intimement
mêlé au vécu de l’auteur et de sa famille.
C’est le côté protéiforme, son absence de chronologie
et de linéarité qui font l’originalité et la force de ce roman.
Maryam Madjidi convoque les poètes persans de son
enfance pour alimenter, et illustrer son propos.
On y perçoit l’extrême sensibilité de l’auteur, mais
également son humour, sa maturité, mais aussi sa fragilité dans ses deuils de
petite fille. Quand l’humain se retrouve séparé de sa terre et des siens, il sait
puiser au fond de lui les ressources pour se réinventer. C’est cela que Maryam
Madjidi a voulu nous montrer au fil de ce très beau livre.
L’avis de Jostein qui m’a accompagné dans cette
lecture .
Marx et la
poupée de Maryam Madjidi, chez Le Nouvel Attila (Janvier 2017, 200pages)
Maryam
Madjidi est née en
1980 à Téhéran, et quitte l’Iran à l’âge de 6 ans pour vivre à Paris puis à
Drancy. Aujourd’hui, elle enseigne le français à des mineurs étrangers isolés,
après l’avoir enseigné à des collégiens et lycéens de banlieue puis des beaux
quartiers, des handicapés moteur et psychiques, des étudiants chinois et turcs,
et des détenus. Elle a vécu quatre ans à Pékin et deux ans à Istanbul.
un peu perturbée par le côté non linéaire mais effectivement un très beau roman sur l'exil.
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