dimanche 19 mai 2019

J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi


J’ai beaucoup lu à propos du génocide des Tutsis, au Rwanda ; du roman dans ce qu’il a de plus formel, au récit journalistique étoffé, étayé qui se lit comme un roman.
Ce premier roman de Yoan Smadja combine les deux formes tout en restant une fiction, et se dénote par une construction à deux regards.

Sacha est une journaliste de terrain, dangereux de préférence, reporter de guerre. C’est alors qu’elle fait volontairement une pause comme critique gastronomique qu’elle est envoyée en Afrique du Sud pour couvrir les élections démocratiques. Nous sommes en 1994 ; à la faveur d’un accrochage routier, elle bouscule les plans établis pour elle, et avec son photographe, elle prend la direction du Rwanda ; nous sommes à la veille du génocide….

Rose est une jeune fille qui a grandi à l’ombre de l’ambassade de France à Kigali où ses parents y travaillaient. Elle entretient une correspondance amoureuse avec son mari Daniel et lui raconte son quotidien avec Joseph, son fils.

Ce roman nous raconte les heures les plus noires du génocide des Tutsis selon deux points de vue. Rose et Sacha dont les chemins finiront par se relier d’une certaine façon, donnent tour à tour de leurs mots ; Rose est muette et n’a que les mots pour dire son amour à Daniel, à Joseph, à son pays.
Deux regards, deux voix pour dire l’horreur, la cruauté, une certaine lâcheté, l’abandon, l’espoir, la résignation….

Des fictions sur le sujet, ce roman est pour moi le plus émouvant et le plus audacieux dans la mesure où au milieu du chaos, il ose donner une large place à la tendresse et à l’amour.

Si ce livre aborde le rôle ambigu de la diplomatie française lors de ce conflit, il montre également les conditions de travail extrêmement périlleuses des reporters de guerre.

Un grand merci aux éditions Belfond et Babélio pour la lecture de ce livre .

J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja, chez Belfond (Avril 2019 ;280 pages)


Yoan Smadja a travaillé dans la collecte de fonds en faveur d’ONG et pour des sociétés du secteur agroalimentaire.
'J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi' est son premier roman.

2 commentaires:

  1. Je pourrais me laisser tenter, surtout en cette année de triste 'célébration'. As-tu vu la série Black Earth Rising?

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  2. Non; je ne connais pas cette série.

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