J’ai
beaucoup lu à propos du génocide des Tutsis, au Rwanda ; du roman dans ce
qu’il a de plus formel, au récit journalistique étoffé, étayé qui se lit comme
un roman.
Ce
premier roman de Yoan Smadja combine les deux formes tout en restant une
fiction, et se dénote par une construction à deux regards.
Sacha
est une journaliste de terrain, dangereux de préférence, reporter de guerre.
C’est alors qu’elle fait volontairement une pause comme critique gastronomique
qu’elle est envoyée en Afrique du Sud pour couvrir les élections démocratiques.
Nous sommes en 1994 ; à la faveur d’un accrochage routier, elle bouscule
les plans établis pour elle, et avec son photographe, elle prend la direction
du Rwanda ; nous sommes à la veille du génocide….
Rose
est une jeune fille qui a grandi à l’ombre de l’ambassade de France à Kigali où
ses parents y travaillaient. Elle entretient une correspondance amoureuse avec
son mari Daniel et lui raconte son quotidien avec Joseph, son fils.
Ce
roman nous raconte les heures les plus noires du génocide des Tutsis selon deux
points de vue. Rose et Sacha dont les chemins finiront par se relier d’une certaine
façon, donnent tour à tour de leurs mots ; Rose est muette et n’a que les
mots pour dire son amour à Daniel, à Joseph, à son pays.
Deux
regards, deux voix pour dire l’horreur, la cruauté, une certaine lâcheté, l’abandon,
l’espoir, la résignation….
Des
fictions sur le sujet, ce roman est pour moi le plus émouvant et le plus
audacieux dans la mesure où au milieu du chaos, il ose donner une large place à
la tendresse et à l’amour.
Si
ce livre aborde le rôle ambigu de la diplomatie française lors de ce conflit,
il montre également les conditions de travail extrêmement périlleuses des
reporters de guerre.
Un
grand merci aux éditions Belfond et Babélio pour la lecture de ce livre .
J’ai
cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja, chez Belfond (Avril
2019 ;280 pages)
Yoan
Smadja
a travaillé dans la collecte de fonds en faveur d’ONG et pour des sociétés du
secteur agroalimentaire.
Je pourrais me laisser tenter, surtout en cette année de triste 'célébration'. As-tu vu la série Black Earth Rising?
RépondreSupprimerNon; je ne connais pas cette série.
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