Je
n’avais jamais lu Joyce Carol Oates ; cela faisait un certain temps que
j’y pensais, mais que le courage me manquait. Il fallait une dose de folie pour
faire irruption dans son œuvre avec cette œuvre-là, ce sujet-là et ses presque
900 pages ! Et bien, folie ou pas, l’essai est transformé !
Sale
temps en Amérique pour les femmes et leurs libertés si chèrement
acquises ; françaises, remercions encore et toujours Simone d’avoir tenu
bon dans la tempête, et à ses successeurs d’avoir su pérenniser une loi ‶ sanctuarisé dans le
temps ″ son application et surtout évité les hystéries outrancières qui ont
cours aux USA pour un sujet qui au fond concerne l’intimité d’une femme et/ou
d’un couple.
Parce
que dans ce pays si prompt à défendre les libertés, on tue encore celles et
ceux qui les appliquent.
Par
un beau matin de novembre, le Dr Voorhees qui pratique des avortements croise
le chemin de Luther Dumphy autoproclamé ″soldat de Dieu ‶ et résolu à venger ces
bébés qui ‶ne demandaient pas à
mourir″. L’assassinat fera deux victimes immédiates : le médecin et un
vigile. Mais en réalité, deux familles se relèveront difficilement de tout
cela.
Il
ne faudra jamais chercher la moindre position de l’auteur pour un camp ou
l’autre. Car la réalité est infiniment plus complexe. Et c’est là tout
l’intérêt de ce roman qui décortique les mécanismes d’une société
-irrémédiablement- divisée sur le sujet, dans un pays officiellement laïc où la
religion est omniprésente. Son Président prête serment sur la Bible, et sa
monnaie affiche fièrement sa devise ″In God we trust ‶ !
Joyce
Carole Oates passe au peigne fin tous les personnages, cherche à expliquer du
côté du meurtrier, autant qu’elle tente à comprendre le médecin idéaliste dans
son aveuglement face aux dangers qu’encourraient sa famille.
Il
n’y a pas un martyr, mais des martyrs qui ne sont pas forcément ceux que l’on
croit.
Ce
roman astucieusement et méthodiquement construit se révèle d’une grande
intelligence jusqu’à son dénouement, surprenant, et laissant ainsi davantage de
questions que de réponses. Tel n’était d’ailleurs pas la finalité de l’auteur.
Voilà
assurément un grand roman, et pour moi une entrée plus que réussie dans
l’abondante bibliographie d’une auteur que je relierai !
Un
livre de martyrs américains de Joyce Carol Oates, traduit de l’américain par
Claude Seban, aux éditions Philippe Rey (Septembre 2019 ; 860 pages)
Joyce
Carol Oates est une poétesse, romancière, nouvelliste, dramaturge et essayiste
américaine née à Lockport, New York
en1938.
Son
père est dessinateur industriel et sa mère, femme au foyer. Sa grand-mère
paternelle vit avec la famille et est très proche de Joyce, qui l'évoquera dans
son roman "La Fille du fossoyeur" (The Gravedigger's Daughter, 2007).
Elle
travaille pour le journal de son lycée, le Williamsville South High School,
dont elle sort diplômée en 1956. Elle obtient alors une bourse pour
l'Université de Syracuse et gagne, avec "In the Old World" (1959), le
concours de la nouvelle universitaire organisé par le magazine Mademoiselle.
Elle sort diplômée en 1960, puis obtient une maîtrise universitaire en Lettres
de l'Université du Wisconsin à Madison en 1961.
Peu
après, elle épouse Raymond J. Smith, un étudiant de la même université qu'elle
qui deviendra professeur de littérature anglaise, puis rédacteur et éditeur. En
1962, le couple s'installe à Détroit, au Michigan où elle enseigne. En 1963,
elle publie son premier recueil de nouvelles, "By the North Gate" et,
en 1964, son premier roman "With Shuddering Fall". C’est le début
d’une œuvre prolifique et riche.
Depuis
1963, Joyce Carol Oates a publié des romans, des essais, des nouvelles et de la
poésie. Au total plus de soixante-dix titres. Elle a aussi écrit plusieurs
romans policiers sous les pseudonymes de Rosamond Smith et de Lauren Kelly.
Elle a figuré deux fois parmi les finalistes du prix Nobel de littérature.
Comme toi je n'ai jamais lu Oates même si j'en ai envie depuis longtemps et comme toi ce roman sera ma première lecture. J'espère être aussi séduite !
RépondreSupprimerJ'en ai lu beaucoup, de Oates, au point de me lasser. Et de me méfier. Elle a des tics d'écriture qui m'agacent.
RépondreSupprimerMais là figure toi que j'en suis à la page 250, bien accrochée. Je venais de lire Une étincelle de vie de jodi Picoult et craignais la similitude, mais pas du tout! Les deux sont bien (pour l'instant avec Oates)
Je viens de le terminer, quel pavé, tellement dense quand même (mais long)
RépondreSupprimerBon, soit blogspot bugue, soit? mais je reviens anonymement pour tenter de commenter.
RépondreSupprimerJ'ai (enfin) terminé ce gros bouquin, un poil longuet quand même, mais qu'n ne lâche pas
keisha