Trente
ans après la prise de pouvoir de Pinochet au Chili, Sepúlveda fait paraître un
ensemble de chroniques écrites entre 1998 et 2003, alors que Pinochet sous le
coup d’une arrestation en Grande-Bretagne, rentre au Chili soit- disant atteint
de folie.
‶Parler ou écrire sur l’une
de ces victimes, c’est le faire au nom de toutes″.
"J'écris
parce que j'ai une mémoire et je la cultive en écrivant sur les miens, sur les habitants
marginaux de mes mondes marginaux, sur mes utopies bafouées sur mes glorieux et
glorieuses camarades vaincus dans mille batailles et qui continuent à préparer
les prochains combats sans craindre la défaite."
Sepúlveda
a été emprisonné durant la dictature chilienne ; il sait donc de quoi il
parle. Infatigable défenseur de la démocratie, et de la mémoire, il a réuni ces
22 chroniques parues dans différents journaux européens durant 3 années.
Si
au début, il eût l’espoir de voir juger l’ancien dictateur, il déchante assez vite.
Ces textes respirent la révolte face à l’injustice, à la torture, la mise à
genoux du pays par le FMI, les expérimentations économiques délétères jamais
remises en cause. En outre, il rend hommage à ses compagnons de lutte, il
évoque ses amis et sa famille.
Il
explique en quoi l’écriture est capitale pour lui.
J’ai
assez peu l’habitude de cette forme littéraire ; la complexité chilienne
ne facilité pas forcément la lecture de cet ouvrage, sans doute riche, mais ardu
en définitive. La colère de Sepúlveda est largement compréhensible ; le dictateur,
a mis du temps avant de lâcher complètement les rênes du pays, et pire encore :
n’a jamais été jugé !
La
folie de Pinochet de Luis Sepulveda, traduit de l’espagnol (Chili) par François
Gaudry aux éditions Métailié (Août 2003, 115 pages), en collection suites (Mai
2017 ;130 pages)
Luis
Sepúlveda est né le 4 octobre 1949 à Ovalle, dans le nord du Chili. Étudiant,
il est emprisonné sous le régime de Pinochet pendant deux ans et demi. Libéré
puis exilé, il voyage à travers l'Amérique latine et fonde des groupes de
théâtre en Équateur, au Pérou et en Colombie.
En
1978 il participe à une recherche de l'unesco sur « l'impact de la colonisation
sur les populations amazoniennes » et passe un an chez les Indiens Shuars qu’il
mettra en scène dans Le vieux qui lisait des romans d’amour. Après avoir vécu à
Hambourg et à Paris, il s’installe en 1996 à Gijón, dans le nord de l’Espagne,
où il fonde le Salon du livre ibéro-américain. Il écrit des chroniques pour
plusieurs journaux italiens.
Auteur
de nombreux romans, chroniques, récits, nouvelles et fables pour enfants, il a reçu
plusieurs prix pour son œuvre. Il est publié dans 52 pays. Le vieux qui lisait
des romans d’amour (1992), son premier roman traduit en français, connaît un
succès planétaire, de même que l’Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler (1996) – cinq millions d’exemplaires !
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