Nour
est le seul homme au sein de ce gynécée générationnel. Quatre générations
vivent sous le même toit ; trois femmes et l’arrière-petit-fils étudiant
en mathématique, sans doute exagérément couvé, peu libre de ses mouvements, et
surtout de ses fréquentations.
Nour,
s’éprend de Mouna, étudiante, elle aussi, plus moderne, plus affranchie. Mouna effraie ;
Nour, d’une certaine façon, mais davantage Baya, Fatima et Meryem.
Voilà
une saga familiale qui se tisse au gré de ces trois femmes, dans une
temporalité assez libre, mais dont on perçoit une montée progressive et inéluctable
de sa dramaturgie .
Nous
sommes en Algérie, et chaque génération de femme qui doit se fondre dans un
moule façonné par l’histoire, et la Tradition, s’affranchit aussi à sa façon des
carcans, révélant des forces inouïes, quitte à en étouffer Nour, et lui faire porter
l’impossible fardeau des secrets et des vengeances.
Premier
roman de l’auteur, j’ai beaucoup aimé l’angle par lequel Hajar Bali a abordé cette
saga familiale. J’ai apprécié l’atmosphère entêtante, et pesante de ce roman construit-déconstruit.
La modernité de ces femmes s’est façonnée dans la douleur et la soumission,
elle n’en est que plus touchante.
Je
n’aurais qu’une petite réserve, quant à certains passages où il est questions
de discussions mathématiques entre étudiants maitrisant le sujet contrairement
à la lectrice que je suis ; ces passages n’ont à mon humble avis que trop
peu d’intérêt au bon déroulé de cette histoire (mais ça n’est là que mon avis,
et n’entache en rien mon plaisir de lecture) .
Ecorces
d’Hajar Bali, aux éditions Belfond (Janvier 2020, 310 pages)
Née en 1961, Hajar Bali vit à Alger, où elle a
enseigné les mathématiques à l’université des sciences Bab Ezzouar. Dramaturge,
elle est l’auteure de Rêve et vol d’oiseau, un recueil de pièces de théâtre
(Barzakh, 2009), et de Trop tard, un recueil de nouvelles (Barzakh, 2014).
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