Fay
est belle, très belle même ; elle plait aux hommes sans trop s’en rendre
compte. Et puis de toute façon, elle n’a pas vraiment reçu tous les codes de la
vie sociale. A peine sortie de l’enfance, elle fuit une famille toxique, sans
avoir été à l’école ni été éduquée. Elle fuit la misère économique, la misère intellectuelle
et la misère affective. Chez elle, il n’y a rien. Elle prend la route…
C’est
sur le tas qu’elle fera son apprentissage ; au gré de ses rencontres, de
son errance ; au gré des déboires, au gré des coups et de son instinct.
Fay
est un roman très noir, qui nous balance à la face la dure réalité des femmes
prises au piège des bourreaux, des profiteurs et des cinglés. C’est la face cachée
du rêve américain ; l’univers des livrés à eux-mêmes avec encore assez de
dignité pour trouver au fond d’eux un résidu d’énergie pour remonter la pente
quoi qu’il en coûte.
Car
ne nous y trompons pas ;Fay est un petit bout de femme attachant et lumineux ;
une gamine qui en réalité ne nous inquiète pas plus que cela ; d’instinct,
on a dans l’idée qu’elle peut s’en sortir.
Encore
une belle découverte des éditions Gallmeister !
Fay
de Larry Brown, traduit de l’américain par Daniel Lemoine et revu par Françoise
Merle (Gallimard 2002 en première parution française, 592 pages) chez Gallmeister
(2017, 544pages)
Larry
Brown
est né en 1951 près d'Oxford, dans le Mississippi, où il a habité toute sa vie.
Passionné par la pêche, la chasse et la lecture plus que par les études, il a
exercé des métiers aussi divers que bûcheron, peintre en bâtiment ou droguiste,
puis a été pompier pendant dix-sept ans avant de se consacrer uniquement à la
littérature. Il est le seul écrivain à avoir reçu à deux reprises le
prestigieux Southern Book Award for Fiction.
Il
est décédé en novembre 2004.
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