mardi 14 juillet 2020

La brodeuse de Winchester

L’entre-deux guerre est une période cruelle pour les femmes, et notamment les jeunes femmes. En surnombre pour cause de surmortalité masculine, elles sont aussi endeuillées par la perte d’un père, d’un frère, et d’un fiancé. Psychologiquement, et démographiquement, elles sont dans l’impossibilité de construire une vie. Elles ne cadrent pas avec les standards de l’époque ; elles sont les « vieilles filles » de service.

Violet,est une de ces femmes. A l’issue de la guerre, elle a perdu son frère et son fiancé. Il n’y a pas d’autre issue que de travailler pour vivre, survivre, moralement se reconstruire, et socialement avoir une existence, aussi tenue soit elle.

En quête d’indépendance, et d’un peu de liberté, elle s’installe à Winchester où elle travaille comme dactylo dans une compagnie d’assurances.

Elle mène une vie monotone, parce que primo, son ridicule salaire lui permet juste de subvenir à ses besoins ; secundo, elle expérimente très vite la précarité de la condition féminine en général dans le monde du travail que ces dernières quittent au moment du mariage ; et enfin des difficultés encore plus présentes des femmes qui comme elles sont en marge dans cette société conservatrice.

Violet découvre un jour une confrérie de femmes brodeuses dans laquelle elle finira par s’épanouir et trouver des amitiés sincères. Avec ses camarades, elles brodent et créent des coussins, des agenouilloirs destinés aux fidèles de cathédrale de Winchester. Au travail de création, elles ont ainsi la fierté d’apporter un réel confort aux fidèles. Au-delà du plaisir de faire, cette activité donne à ces femmes un sentiment d’utilité non négligeable.

J’ai beaucoup aimé cet opus tant pour le fond que la forme. J’ai apprécié la précision et la minutie avec lesquelles Tracy Chevalier tisse son histoire, tirée de faits réels.

J’ai également apprécié l’évocation de cette période de l’histoire anglaise, cet entre- deux lesté des plaies béantes du premier conflit mondial et des incertitudes pesant sur la paix précaire, et du fonctionnement social.

Je remercie les éditions de la Table Ronde pour leur gentillesse. 

La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier, traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff, aux éditions de La Table ronde, Quai Voltaire (Juin 2020, 350 pages)

 Tracy Chevalier est une écrivaine américaine née en 1962.

Elle s'est spécialisée dans les romans historiques.

Elle est née et élevée à Washington, DC, et son père est photographe pour le The Washington Post. Elle étudie à la Bethesda-Chevy Chase High School de Bethesda, dans le Maryland.

 

Après avoir reçu son B.A. d'Anglais au Oberlin College en Ohio, elle déménage en Angleterre en 1984.

Elle y trouve un emploi de spécialiste d'ouvrages de référence, travaillant pour plusieurs encyclopédies en rédigeant des articles sur des auteurs. Quittant cet emploi en 1993, elle commence une année de Master of Arts en création littéraire à l'Université d'East Anglia. Ses tuteurs lors de son parcours sont les romanciers Malcolm Bradbury et Rose Tremain.

Sa carrière d'écrivaine débute en 1997 avec "La vierge en bleu" (The Virgin Blue), mais elle connait le succès avec "La jeune fille à la perle" (Girl with a Pearl Earring, 1999), un livre inspiré par le célèbre tableau de Vermeer. 

Un film est tiré de ce livre, qui obtient trois nominations aux Oscars de 2004. Il est réalisé par Peter Webber avec Scarlett Johansson et Colin Firth.

Tracy Chevalier est également Chairman pour l'Angleterre à la Society of Authors.

Elle habite Londres avec son mari et son fils.


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