vendredi 21 août 2020

Fille

 Un grand merci à Babélio et aux éditions Gallimard, sans qui je serais sans doute passée à côté de cet ouvrage par manque d’audace. Je l’ai lu presque d’une traite, et il m’a littéralement scotché pour sa langue, si travaillée, cousue presque de manière infinie de ″jeux″ de mots Cela donne à ce roman -sans aucun doute teinté de vécu- son côté trash dénué de la vulgarité, et le rend si sensible. 

Laurence est la seconde fille d’un couple des années 60 dont le père médecin aurait tant voulu un garçon…Oui, mais voilà, dans ce domaine, depuis que l’humanité est l’humanité, on ne choisit pas ; Fille ou garçon, Dame Nature décide !

″Vous avez des enfants ? ″ demande-t-on au père ; ″Non, j’ai deux filles. ″ répondra-t-il ! L’ambiance familiale est posée. Le père voulait un garçon ; une seconde fille pourquoi faire ?

Laurence, est la seconde fille après Claude (notez le prénom épicène), et après un garçon mort très tôt après la naissance.

Laurence apprend à se construire, dans sa vie de fille, de jeune femme, puis de mère avec ce bagage-là.

Camille Laurence raconte -se raconte -la métamorphose Laurence, sa façon de s’approprier sa féminité et de la transmettre. 

Tout repose d’une part dans la construction, et en particulier le fait que l’auteur joue avec les narrateurs ; tantôt elle use du je, du elle, et du tu, plus déstabilisant, mais si provocateur et prompt à interpeller le lecteur.

Ensuite, c’est la langue, le style qui, pour ma part m’a impressionné, réjoui (parfois), éblouie (souvent), et donc globalement scotché ; ce qui chez moi n’est pas si courant puisque je suis plus sensible à l’histoire qu’à la manière de la présenter.

Fille de Camille Laurens, chez Gallimard (Août 2020,225 pages)

 

Camille Laurens, de son vrai nom Laurence Ruel-Mézières, est une romancière française.

 Agrégée de Lettres modernes, elle a d'abord enseigné en Normandie, puis à partir de 1984, au Maroc: à Casablanca et dans les Classes préparatoires aux grandes écoles de Marrakech. Elle a vécu douze ans au Maroc, partageant son temps entre ses cours, l'animation d'un ciné-club, le théâtre (elle a interprété notamment l'Araminte des "Fausses confidences" de Marivaux) et l'écriture : ses trois premiers romans ont été écrits à Marrakech

Son premier livre, "Index" est publié en 1991 aux éditions POL. Il ouvre une tétralogie, dont les autres parties sont : "Romance" (1992), "Les Travaux d'Hercule" (1994) et "L'Avenir" (1998).

Entre le troisième et le quatrième volet, survient le drame personnel qu'elle a vécu en 1995, avec la mort de son nouvel enfant. Cette douleur sera à l'origine de "Philippe" (1996). Elle reviendra sur ce décès dans "Cet absent-là" (2004).

En 2000, avec "Dans ces bras-là", elle obtient le prix Femina et le prix Renaudot des lycéens. Son essai "La petite danseuse de 14 ans" (2017) reçoit le prix David de l'expertise et le prix Eve-Delacroix de l'Académie Française en 2018. Son roman "L'Amour" (2003) fait partie de la sélection des 100 romans qui ont le plus enthousiasmé "Le Monde" depuis 1944.

2 commentaires:

  1. On parle beaucoup de ce roman en cette période de R.L... je sais dorénavant de quoi il retourne, il pourrait me plaire, me parler.

    RépondreSupprimer