Comment résister à l’enthousiasme viscéral de ce petit libraire (sa librairie est minuscule, mais regorge de trésors) Sablais, alors que la discussion livresque s’installe, il me tend cet ouvrage avec des étoiles dans les yeux ? Moi, je n’ai pas pu, je m’en félicite, et je remercie ce libraire !!
Cet ouvrage est ce qu’un fils pouvait écrire de plus beau sur son père. Pourtant, les choses n’allaient pas de soi. L’auteur n’est pas en admiration devant le paternel. Durant toute son enfance, il le craint, en a peur. Il passe ses nuits, la porte de sa chambre bloquée par une chaise. Il fuit régulièrement la violence latente d’un père qu’il ne comprend pas.
Alors que ce père vient de mourir, lui laissant une lettre qu’il n’ose ouvrir, L’auteur s’engage dans une démarche longue et douloureuse afin de « rencontrer » Jim.
Pour comprendre Jim, il faut remonter à son début de vie d’adulte qu’il passe comme fusillé marin en Algérie durant la guerre éponyme. Sa violence intrinsèque est née là-bas ; le syndrome post-traumatique (qui à l’époque ne sait pas son nom) fera le reste.
Ce livre retrace en grande partie le parcours traumatique de Jim et son difficile retour, qui explique en grande partie ce qu’a été Jim avec ses forces et surtout ses faiblesses.
Pour comprendre, aimer et pardonner au père, l’auteur va devoir creuser, prendre conscience, intégrer, puis digérer tout ce qu’il va découvrir.
Cela donne un opus sensible, réaliste sans exhibitionnisme, intime et ouvert à l’apaisement ; un livre percutant lu en apnée !
Mon père, ce tueur de Thierry Crozet, chez la manufacture de livres (Août 2019, 224 pages)
Né à Sète en 1963, Thierry Crouzet devient journaliste dans diverses revues d’informatique et publie des textes en ligne. Il se consacre à la littérature noire et à d'autres littératures de genre ainsi qu’à des récits ou essais sur notre rapport aux nouvelles technologies. Mon père, ce tueur est son premier roman de littérature blanche.
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