mardi 3 novembre 2020

Histoires de la nuit

 

L’affaire avait tout pour tout pour mal tourner ; en effet, cela commence par une longue, très longue phrase ; 30 lignes sur lesquelles il me faudra revenir plusieurs fois afin d’en avoir le cœur net, et surtout pour reprendre mon souffle. J’aurais pu très vite jeter l’éponge, car en réalité, je goûte très peu à ces réjouissances. Et pourtant, l’idée ne m’a jamais effleuré tant l’ouvrage m’a pris dans ses rets !

Le hameau se compose de 3 maisons ; l’une est habitée depuis de nombreuses années par Marion et Patrice et leur fille Ida ; Patrice travaille à la ferme, alors que Marion travaille en extérieur, et que c’est visiblement elle qui fait bouillir la marmite. La seconde est occupée Christine, une artiste peintre un peu fantasque, très attachée à Ida que cette dernière appelle Tatie, et considère comme sa seconde mère.

Marion s’apprête à passer la quarantaine ; ce soir- là, les autres lui préparent une petite surprise. Un petit repas entre voisins, deux collègues de Marion qui viendront pour le dessert…

A prime abord, les choses semblent aller normalement. Sauf que….

Parce que le choses vont dégénérer, mais pas forcément comme on l’imaginerait.

A la fois roman noir, et sociologique, Laurent Mauvignier décortique minutieusement chacun de ses personnages, souvent à l’extrême, et à la limite du digressif, et pousse son lecteur bien au-delà du cauchemar ! Au-delà des évènements, dissèque le passé de l’un, les travers de l’autre, les secrets enfouis… On en apprend à chaque page en s’imaginant à chaque fois arriver au bout ; et on retombe plus bas, ça refait encore plus mal….

Il avance doucement, avec un certain sadisme dans cette histoire rocambolesque, et avec une maîtrise stylistique, qui m’a scotchée. L’ambiance poisseuse, lourde, glauque vous pénètre à chaque ligne.

Une très belle réussite !

Histoires de la nuit, de Laurent Mauvignier, aux éditions de minuit (Septembre 2020, 640 pages)

Issu d’un milieu modeste, Laurent Mauvignier abandonne des études de BEP comptabilité pour entrer à l’Ecole des Beaux-arts de Tours en 1984. Il sera diplômé en 1991 dans le département Arts plastiques, puis s’inscrira à la faculté de Lettres Modernes, sans mener à terme ce nouveau cursus.

 

Son rapport à l’écriture commence alors qu’il est hospitalisé à l’âge de huit ans. Il reçoit un exemplaire d’Un bon petit diable, de la Comtesse de Ségur. L’expérience est très forte : échapper au réel en s’identifiant à un personnage en mouvement alors qu’on est soi-même immobilisé. Il prolonge le désir d’évasion en commençant à écrire.

À partir de 1997, il se consacre exclusivement à l’écriture. 

"Loin d’eux" sera publié aux éditions de Minuit en 1999. Il reçoit le Prix Wepler 2000 et le Prix Livre Inter 2001 pour "Apprendre à finir" (2000).

Suivront "Ceux d’à côté" (2002), "Seuls" (2004), "Le Lien" (2005), et "Dans la foule" (2006) lauréat du Prix Fnac.

En 2009, "Des hommes" reçoit le Prix des Libraires.

Il est fait Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres en 2010.

En 2011, parait "Ce que j'appelle l'oubli".

En 2012, il publie "Tout mon amour" pour le théatre (collectif Les possédés). En 2015, il écrit "Retour à Berratham", publié aux Editions de Minuit, pour Angelin Preljocaj, chorégraphe et directeur du Pavillon noir à Aix-en-Provence.

Le roman "Continuer" parait en 2016 et sera adapté au cinéma.

2 commentaires:

  1. Je l'ai peu vu et je crois que je n'ai jamais lu l'auteur, mais ça me tente !

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  2. Il va falloir que je me force à le lire sur ma tablette. Ça semble valoir le coup

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