Bienvenue chez les cathos, les vrais, les durs….
Sixtine et Pierre-Louis sont ce qu’on appelle des cathos ; pas de simples catholiques peu ou pas croyants, vaguement pratiquant ; non ! des intégristes jusqu’au-boutistes, au cerveau lessivé de discours extrémistes, des ultra convaincus qui ne se fréquentent qu’entre eux, hantent les églises, les séminaires, les rendez-vous communautaires. On ne se contente pas de prier, et d’aimer son prochain comme l’enseigne les Saintes Écritures. Dans le clan de Pierre-Louis, on casse le migrant, l’homo, le marginal, le mécréant, le bronzé…. Bref, la charité chrétienne s’habille de haine, et d’hypocrisie.
Sixtine et Pierre-Louis ont finalement peu de temps avant de se marier comme cela se fait chez les tradis. Il n’y a aucune place pour l’épanouissement personnel, la sensualité, l’amour. Procréer est l’unique but de cette union.
Il faudra un drame pour que Sixtine commence à entrouvrir les yeux sur ce milieu qui ne lui accorde aucun regard, aucun respect.
Sixtine s’éveille à la liberté, à la tolérance en rompant radicalement avec son entourage toxique et malfaisant, sans pour autant rompre avec sa foi. Elle a l’intelligence de ne garder que le meilleur pour s’ouvrir à une autre vérité faite d’humanité et de partage.
A première vue, chacun serait tenté de penser que les personnages sont outrancièrement caricaturaux. Et pourtant, Maylis Adhémar les a parfaitement observés et portraitisés. Elle inscrit d’ailleurs son roman à l’époque de l’adoption du mariage pour tous, théâtre de réactions particulièrement extrémistes d’une frange catho réac et rétrograde.
J’ai souvent eu envie de secouer Sixtine ; mais au fond, cette brave jeune femme naïve endoctrinée dès son plus jeune âge est victime de la dérive sectaire, parce qu’à ce stade-là, on dépasse largement le cadre spirituel et/ou religieux. Sixtine fait preuve de courage pour mobiliser les trésors d’énergie pour se libérer, quoi qu’il lui en coûte !
Maylis Adhémar parvient à faire d’un sujet délicat, un roman intéressant, original et bien construit. Sa lecture est aisée et fluide.
Bénie soit Sixtine de Maylis Adhémar, chez Julliard (Août 2020, 305 pages)
Née en 1985, Maylis Adhémar a grandi dans un petit village du Tarn, au sein d’une fratrie de quatre filles. Après un bac agricole, elle renonce à devenir bûcheronne pour suivre des études d'histoire. Elle a été professeure de français en Chine, campeuse en Patagonie et stagiaire dans de nombreuses rédactions. Depuis 2010, elle vit à Toulouse où elle travaille en tant que journaliste indépendante, notamment pour le magazine Ça m’intéresse. Elle anime également des ateliers d'initiation au journalisme pour les jeunes en territoires ruraux.
Je l'ai acheté et, bien sûr, il m'attend
RépondreSupprimerUn bon roman, sur un thème peu traité.
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