dimanche 14 février 2021

Le pays des autres 1. La guerre, la guerre, la guerre

 


Mathilde et Amine. Ils se sont connus à la fin de la guerre, alors qu’Amine combat dans l’Armée française, et libère l’Alsace.

Amine retourne au Maroc, avec Mathilde. Ensemble, ils reprennent l’exploitation d’une ferme familiale dans la région de Meknès. Le Maroc est encore sous protectorat français.

Mathilde doit d’abord s’acclimater à une nature inhospitalière, une culture différente. Le travail est difficile ; les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Les revenus sont chiches. Mathilde doit à la fois compter, et surtout faire avec un mari peu généreux.

Les années 50 au Maroc sont synonymes de tension, de violences qui aboutiront. Mathilde n’est pas chez elle ; elle doit composer.

Mathilde n’est pas dans son pays ; elle doit faire avec une autre culture ; elle doit faire avec le regard des autres sur elle, sur son couple, sur ses enfants.

Les colons ne sont plus tout à fait chez eux ; ils le savent, ils le sentent, il ne faudra pas tarder à laisser la place, à laisser les ″indigènes″ pas encore tout à fait chez eux, prendre les rênes de ce pays.

Mathilde, et les femmes en général ne se sentent pas vraiment chez elles au milieu des hommes déterminés à les laisser au second plan.

J’ai beaucoup apprécié ce premier opus d’une trilogie dont il me tarde de poursuivre la lecture.

Leïla Slimani dresse un portrait de femme tout en sensibilité. Elle parle d’un pays qu’elle connait bien, car elle y est née. Elle comprend parfaitement le choc des cultures. Son écriture précise et très imagée est au service d’un texte qui nous raconte le Maroc des années 50, sans juger, sans parti pris ; mais avec la force narrative que l’on connait de l’auteur, et qui depuis Chanson douce a gagné en puissance et beauté.

Le pays des autres de Leïla Slimani, chez Gallimard (Mars 2020, 370 pages)


Leïla Slimani est une journaliste et écrivaine franco-marocaine.

Née d'une mère franco-algérienne et d'un père marocain, élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d'expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier, sa mère est médecin ORL. 

En 1999, elle vient à Paris. Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, elle s'essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l'École supérieure de commerce de Paris (ESCP Europe).

Elle est engagée au magazine "Jeune Afrique" en 2008 et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord. Pendant quatre ans, son travail de reporter lui permet d'assouvir sa passion pour les voyages, les rencontres et la découverte du monde.

En 2013, son premier manuscrit est refusé par toutes les maisons d'édition auxquelles elle l'avait envoyé. Elle entame alors un stage de deux mois à l'atelier de l’écrivain et éditeur Jean-Marie Laclavetine. Elle déclare par la suite : « Sans Jean-Marie, Dans le jardin de l'ogre n'existerait pas ».

En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, "Dans le jardin de l'ogre". Le sujet (l'addiction sexuelle féminine) et l'écriture sont remarqués par la critique et l'ouvrage est proposé pour le Prix de Flore 2014.

Son deuxième roman, "Chanson douce", obtient le prix Goncourt 2016, ainsi que le Grand Prix des lectrices Elle 2017. Il est adapté au cinéma en 2019, avec Karin Viard et Leïla Bekhti.

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