mardi 6 juillet 2021

Kukum

 


Avec le temps, j’ai compris que pour apprendre il fallait regarder et écouter. Rien ne servait de demander.

J’avais peu de chance de croiser ce livre et je serais passée à côté d’un petit bijou sans quelques conseils avisés. Le titre énigmatique finira de me convaincre de le lire rapidement.

Je découvre par la même occasion une maison d’édition qui se consacre à la littérature autochtone d’Amérique du nord ? Que demander de mieux ?

Kukum, veut dire grand-mère en langue innue parlée par les autochtones de l’est canadien. Kukum, c’est Almanda , l’arrière-grand-mère de l’auteur, la narratrice de ce roman, qui au seuil de sa vie se souvient de ce qu’a été sa vie, ses douleurs, ses difficultés, mais surtout ce qui la rendu tellement vivante et libre. Elle est installée au bord du majestueux Lac St Jean….

Almanda, est une orpheline recueillie par de modestes fermiers qui seront pour elle sa tante et son oncle. Son destin était tout tracé. A ceci près, qu’à l’aube de ses quinze ans, elle rencontre Thomas, il ne parle pas français, alors qu’elle ne parle pas l’innu ; le temps, l’amour fera le reste… Entourée d’êtres prisonniers de leurres terres, je découvrais quelqu’un de libre. Cela était donc possible.

Il m’arrive encore de penser de temps en temps à ma tante et mon oncle. Chaque heure du jour, où que je sois, quoi que je fasse, je savais où ils étaient et ce qu’ils faisaient. En choisissant la vie en territoire, j’avais choisi la liberté. Certes celle-ci avait un coût et entrainait des responsabilités envers les membres de mon clan. Mais j’avais enfin le sentiment de vivre sans chaînes.

Almanda quitte son foyer, sa condition pour suivre la communauté de son mari dans les grands espaces du nord-est canadien, très attachée à la vie nomade en immersion dans un milieu hostile qu’ils respectent plus que tout.

Kukum, est d’abord le portrait touchant d’une femme libre, amoureuse de son homme et de son clan ; d’une femme aux ressources inépuisables d’adaptabilité, et de sagesse.

Kukum nous montre à quel point le mode de vie traditionnel des peuples autochtones a été bouleversé dans l’indifférence générale, et avec la volonté affirmée de ‶mettre au pas ″des peuples parfaitement intégrés à leur environnement.

Kukun, c’est aussi un chant d’amour à ces grands espaces magnifiquement décrits dans une langue pourtant simple et sans ostentation ; ce qui rend ce roman si émouvant et sincère.

Une bien jolie découverte !

Kukum de Michel Jean, aux éditions dépaysage (Janvier 2020, 290 pages).


 

Issu de la communauté innue de Mashteuiatsh, établie sur la rive ouest du lac Saint-Jean au Québec, Michel Jean est journaliste d’enquête et chef d’antenne à TVA, un réseau de télévision canadien francophone. Il a publié une dizaine de livres, tous salués par la critique outre-Atlantique.

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