‶ L’art doit se placer au-dessus de la politique. ″
Dans le début des années 30, en Allemagne, Christa est une chanteuse lyrique renommée, adulée. Elle joue dans les meilleures salles, dirigée par les meilleurs chefs d’orchestre du moment ; Furtwängler en particulier, maestro bien connu des mélomanes à qui l’on doit de nombreux enregistrements encore de référence de nos jours. Furtwängler s’est notamment illustré dans la musique allemande et autrichienne. Il a donné au philarmonique de Berlin ses lettres de noblesse.
Nous sommes en 1932, les nazis sont aux portes du pouvoir en Allemagne. Les artistes sont priés de se mettre à disposition du régime ; la culture, en particulier la musique est une des vitrines de la doctrine nazi.
Christa Meister, à qui l’on découvre une ascendance juive s’enfuie avec Rodolphe son fils.
Comme beaucoup d’artistes, Furtwängler eût des comptes à régler à la fin de la guerre. Si certains, comme Karajan, ou Elisabeth Schwarzkopf ont été mouillés avec le régime, Furtwängler ne s’est jamais engagé bien qu’il fût resté en Allemagne, d’abord pour aider se son mieux ses musiciens, puis parce qu’il ne fallait pas mélanger la politique et l’art.
Rodolphe, suivra luis aussi une brillante carrière musicale, jusqu’à être désigné par le maestro Furtwängler mourant pour le remplacer au pied levé. La rencontre des deux artistes fait l’objet de la dernière partie du roman et donne tout son sens à ce dernier.
Habilement construit, car non linéaire, ce roman mêle à la fois le réel, et la pure fiction. Si tout ce qui touche à Christa et Rodolphe est né de l’imagination de l’auteur, Furtwängler, et le troisième Reich sont bien réels.
Quand le vrai et l’inventé se rencontrent, cela donne un opus passionnant sur la transmission, l’héritage, le rôle de l’artiste dans la vie publique, la place de l’art et son utilisation à des fins de propagande.
J’ai été littéralement happée par ce roman. Je connais de longue date la question des liens ambiguës et/ou serrés entre certains musiciens et le régime nazi. Le cas Wagner agite d’ailleurs encore de nombreux esprits (sa musique est encore de nos jours, interdite d’exécution en Israël). Il est heureux qu’un romancier s’empare du sujet, et sans porter de jugement, remette quelques vérités à leurs places.
Si j’ai assez vu venir les choses à propos de Wilhelm et Rodolphe, si la ficelle est parfois un peu trop voyante, j’ai trouvé cet aspect de l’histoire avait un côté touchant et beau, tout simplement.
Berlin requiem de François-Xavier Bonnot, aux éditions Plon (2 septembre 2021, 360 pages)
Xavier-Marie Bonnot est un écrivain et réalisateur français.
Passionné d'Histoire, il entreprend des études dans cette spécialité, il passe son doctorat, y ajoute la sociologie et poursuit avec un Master de Littérature Française. Il suit une formation de reporter-journaliste qui l'amène tout naturellement à la réalisation de films documentaires dans divers domaines.
Citons entre autres films "docu", "Les prêtres pédophiles" pour Arte, "Les hommes de l'anti-gang" pour TF1, "The french Connection" pour Universal, "Vietnam, the day of independance"...
Il produit aussi des films documentaires destinés à l'information sur et pour quelques institutions nationales comme "La Cour des Comptes", "Electricité de France", "Le Ministère de l'Agriculture", etc...
Lui vient alors l'idée d'écrire un livre. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, alors que Xavier-Marie Bonnot s'est établi depuis 1992 à Paris, où il vit toujours avec sa famille, il situe l'action de ses romans à Marseille.
Il se défend bien de faire du polar "marseillais", bien que ce soient les Éditions de L'ÉCAILLER DU SUD qui font paraître La première empreinte en 2002, un roman policier.
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