Il fut inventé par les opprimés des champs de coton du sud des États-Unis. Le blues, une musique qui chante la tristesse, la nostalgie et le désespoir, et qui leur donnait le courage.
Delta blues nous entraine dans une petite bourgade le long du Mississippi dans les années 30. Le bourg grouille de vie, d’âmes et de d’esprits.
Alors que le Klan est on ne peut plus actif ; que la taverne accueille autant les bluesmen itinérants que Dora la prostituée habituée des lieux et chanteuse appréciée ; que Rachel et Aaron un couple d’émigrés juifs tentent de refaire une vie loin des leurs dans les affres du nazisme ; Betty et Steve émergent de ce cloaque à ciel ouvert, solaires, amoureux et malgré tout confiants en l’avenir.
Julien Delmaire déroule son roman, lentement telle une complainte, en posant méthodiquement son propos, et ses personnages. Ici où là, surgit la sorcière et Lebga, divinité vaudou aussi insaisissable que méconnaissable.
Le blues inonde littéralement ce roman choral où se perd parfois, pour mieux nous rassembler autour d’une guitare et d’un harmonica, et d’un verre d’alcool de contrebande.
Julien Delmaire donne à son récit une ambiance incroyablement musicale, pulsée, chantante. Son écriture est imagée, puissante, parfois crue. Elle évoque parfaitement le fardeau de ces gens qui n’ont que la musique pour chanter leur révolte et apaiser leurs douleurs.
Merci aux éditions Grasset et Netgalley.
Delta blues de Julien Delmaire, chez Grasset (Août 2021, 496 pages)
Né en 1977, Julien Delmaire est romancier et poète. Tous ses romans sont publiés chez Grasset. Le premier, Georgia, a été distingué par le Prix de la Porte Dorée, le deuxième, Frère des astres, par le prix Spiritualités d’Aujourd’hui. Son troisième roman, Minuit, Montmartre, est paru en 2017.
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