S’il y a un livre dont on ne peut ignorer l’existence c’est celui-là. En effet il figure quasiment dans toutes les sélections des grands prix littéraires de l’automne.
Son auteur, fort sympathique au demeurant, est invité un peu partout, en particulier dans les émissions à forte audience, et dans les salons du livres renommés, et il est presque unanimement encensé sur la toile.
Je suis presque étonnée de m’être laissé faire aussi facilement…
Il faut reconnaître que ce garçon est brillant, son livre remarquablement bien écrit, et redoutablement construit. Et pourtant….
Et pourtant, je reste plus que partagée à l’issue de ma lecture, dont la facilité m’a -agréablement- surprise. Je m’étais d’ailleurs préparée à quelque chose de plus ardu à lire. Ce qui m’a laissée un peu sur le bord du chemin, c’est l’histoire en elle-même.
Le début est assez classique, le narrateur, est un jeune africain étudiant auteur à Paris. Il est totalement subjugué par un livre paru il y a quelques années maintenant dont on a perdu la trace de l’auteur. C’est donc à sa recherche que le jeune Diégane part, entouré de jeunes auteurs comme lui, de deux femmes à la fois mystérieuses et curieuses.
Il se dit ici ou là que ce roman se veut être une réflexion sur la littérature, la place de l’écrivain…. Je ne suis pas allée jusque- là, et quand bien même, ce n’est pas ce que j’attends d’un roman…
Je crois avant tout que l’auteur tente de régler quelques comptes avec la colonisation … soit….
C’est sans doute à la faveur d’une construction originale qui mélange les formes, et surtout prend beaucoup de liberté avec les choix narratifs, que je suis parvenue à ne pas trop trouver le temps long durant ces quelques 500 pages durant lesquelles j’ai pu oublier le fil d’une histoire un peu trop tarabiscotée pour moi. Esprit cartésien s’abstenir….
Car au fond qu’ai-je retenu de tout cela ? Peu de chose. Certes, l’ouvrage est brillamment littéraire, sans doute beaucoup trop à mon goût. Que faire d’une démonstration de style sur une histoire beaucoup trop perchée, dans laquelle on finit par se perdre, et à laquelle on ne fait plus attention ?
Voilà l’ouvrage parfait qui plaira sans doute aux intellos, qui permettra à certains de briller dans les diners en ville, sans doute un peu trop sur-vendu à mon goût. Certes il ne dépareillera pas dans ma bibliothèque, mais honnêtement, je regrette un peu mon achat, j’aurai préféré simplement l’emprunter….
Une lecture agréable donc, mais pas plus que cela ….
Lecture commune avec Jostein dans le cadre du mois africain.
La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr, aux éditions Philippe Rey (Aôut 2021,450 pages)
Mohamed Mbougar Sarr, né en 1990 au Sénégal, vit en France et a publié trois romans : Terre ceinte (Présence africaine, 2015, prix Ahmadou-Kourouma et Grand Prix du roman métis), Silence du chœur (Présence africaine, 2017, prix Littérature-Monde – Étonnants Voyageurs 2018), et De purs hommes (Philippe Rey/Jimsaan, 2018).
Je comprends que l’on puisse se perdre dans un tel roman. Et souvent la littérature africaine se nimbe d’une obscure magie. Mais comme tu le signales, malgré la construction complexe, celui-ci se lit bien grâce au style élaboré mais d’une grande fluidité. Personnellement, j’adhère aussi à la magie d’une quête autour d’un livre fondateur et d’un écrivain maudit. Trop de « publicité » autour d’un roman augmente l’attente et l’esprit critique des lecteurs. Mais en enchaînant cette lecture avec le petit opuscule d’Adichie puis le roman d’Osvalde Lewat, je reste persuadée que le roman de Mbougar Sarr est un grand roman. Mais chacun son univers et son ressenti, c’est ce qui fait la richesse de la lecture commune. Merci de m’avoir attendue pour cette publication
RépondreSupprimerJe suis contente d'avoir plutôt choisi de lire De purs hommes du même auteur. On en a moins parlé à sa sortie, me semble-t-il, et pourtant quel style ! Et quelle force dans le propos ! Il est court par ailleurs, et ne se perd pas en circonvolutions. Bref, j'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerC'est un gros coup de coeur pour moi
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