″Le trahi et le traitre sont pareillement douloureux. On peut aimer l’Irlande à en mourir, ou l’aimer à en trahir. ″
Ayant lu, et beaucoup aimé Mon traitre, Retour à Killybegs s’imposait forcément à moi !
Cette fois Sorj Chalandon donne la parole à Tyrone Meehan, combattant de l’IRA qui a trahi au profit de l’ennemi anglais. Ce dernier se raconte sur deux temporalités, en alternance.
De son enfance misérable, et orpheline viendra son fort sentiment nationaliste irlandais en révolte contre l’occupant anglais et protestant, lui le papiste, autrement dit catholique. ″Chassé de mon village par la misère, banni de mon quartier par l’ennemi. ‶
″ Les Britanniques dehors. Mon père m’avait laissé cette certitude en héritage, rien de plus. ‶
Au soir de sa vie, Tyrone Meehan,le traitre donc, depuis qu’il est démasqué , s’est replié à Killybegs pour s’y cacher.
La guerre c’est moche, disait je ne sais plus qui. La haine entre les deux nations est tellement viscérale, qu’on ne parvient plus à en comprendre les véritables origines. La violence se situe des deux côtés. La répression britannique est si redoutable qu’elle implique inévitablement l’escalade.
Dans cet opus de haute volée, Sorj Chalandon, pourtant meurtri par son ami Irlandais parviendrait presque à mous rendre le traitre sympathique, parce que l’auteur explique, décortique, et surtout donne la parole à l’autre. Il ne juge pas, et par ricochet incite le lecteur à prendre acte d’un conflit aux portes de l’Europe qui a empoisonné deux pays à un point qu’on imagine mal. Il n’y a aucun manichéisme ; il n’y a que des hommes avec leur histoire, leurs idéaux, leur vérité, leurs forces et leurs faiblesses.
Un grand roman, encore une fois !
Retour à Killybegs de Sorj Chalandon, chez Grasset (Août 2011, 336 pages) et au livre de poche (2012) ; Grand Prix de l’Académie française.
Sorj Chalandon est un journaliste et écrivain français.
Il a été journaliste au quotidien "Libération" de 1974 à février 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988. Depuis 2009, Sorj Chalandon est journaliste au "Canard enchaîné", ainsi que critique cinéma.
Il est devenu un auteur reconnu grâce notamment à "Une promesse", qui obtint le prix Médicis en 2006, "Retour à Killybegs" couronné en 2011, par le Grand Prix du roman de l'Académie Française et "Le Quatrième mur", roman qui permis à Sorj Chalandon d'être lauréat du prix Goncourt des Lycéens en 2013.
En 2010, Sorj Chalandon apparut en dernière partie du film documentaire de Jean-Paul Mari "Sans blessures apparentes".
De 2008 à 2012, Sorj Chalandon fut le parrain du Festival du Premier Roman de Laval, organisé par Lecture en Tête. Depuis 2013 il est le Président du Jury du Prix Littéraire du Deuxième Roman.
En 2015, il publie "Profession du père", une oeuvre romanesque où il s’inspire de sa propre enfance.
En 2017, il publie le roman "Le Jour d'avant", sur la catastrophe minière de Liévin-Lens qui a fait 42 morts le 27 décembre 1974.
En 2019, paraît "Une joie féroce", qui obtint un grand succès commercial.
En 2021, il publie " Enfant de salaud "
"Mon traître", "Retour à Killybegs" et "Le quatrième mur", ont été adaptés en bande dessinée.
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