Si l’on se penche plus attentivement sur le titre original, ce dernier aurait été traduit par ″Un rassemblement de vieillards ‶ qui à mon sens situe immédiatement le cadre de l’histoire, alors que la version française donne plutôt une idée de l’ambiance.
Ernest J.Gaines est un auteur du Sud qui raconte toute la violence du sud.
Alors qu’un blanc vient d’être assassiné, le coupable, noir évidemment semble tout désigné. Le lecteur ne sait rien des circonstances de la mort de ce notable, pas plus que des raisons et du coupable. A aucun moment dans le roman, l’auteur n’y accorde d’importance. Ernerst Gaines, dans une construction originale va montrer comment va s’organiser la défense collective de ce pauvre Mathu que tout accuse parce qu’il est pauvre et noir.
Tous les protagonistes se succèdent pour donner chacun leur vision et leur perception des rapports humains. Blancs et noirs, jeunes et vieux, notables et exécutants, tous ont leurs raisons pour ne pas accabler Mathu, brouiller les pistes, ou s’auto-accuser du meurtre. Il faut d’abord gagner du temps, retenir au maximum le père du mort, un raciste indécrottable, membre du clan, et capable de tout et surtout du pire.
Ernest Gaines n’est pas un écrivain qui dilue son propos. En pas plus de 250 pages, il parvient à dresser un portrait tout en contrastes, et en nuance de ce sud qui n’en finit pas d’expurger son passé raciste, esclavagiste et violent, avec son lot de bonnes âmes désireuses de paix, d’harmonie, de progressisme et de compréhension mutuelle.
Voilà un auteur découvert il y a longtemps (ici) , un peu abandonné depuis et qui mérite largement que j’y revienne plus souvent.
Colère en Louisiane d’Ernest J.Gaines, traduit de l’américain par Michelle Herpe-Volinsky, aux éditions Liana Levi piccolo (1989 pour la première traduction 255 pages)
Ernest James Gaines est un écrivain afro-américain (1933-2019).
Né dans une plantation de Louisiane, il rejoint à l'âge de quinze ans avec sa famille la Californie où il s'attelle plus sérieusement à ses études et commence à lire avec passion, tout en regrettant que "son monde" ne figure pas dans les livres.
Il décide donc d'écrire pour le mettre en scène et publie ses premières nouvelles dans un magazine en 1956, suivies de plusieurs romans.
Il s'affirme comme un des seuls écrivains américains à peindre un Sud en évolution, où les Noirs de la nouvelle génération s'opposent aux anciens dans une quête de dignité. La mutation est porteuse de conflits et de drames, car les règles du jeu ne sont plus codifiées.
Ernest J. Gaines est aujourd'hui considéré aux États-Unis comme un des auteurs majeurs du "roman du Sud".
Son roman publié en 1993, "Dites-leur que je suis un homme" (A Lesson Before Dying), a remporté le National Book Critics Circle Award et a été nommé au Prix Pulitzer.
En 1996, il assure pendant un semestre entier des enseignements de creative writing à l'Université Rennes 2 Haute Bretagne en France.
Livre lu dans le cadre du challenge organisé par Enna .
Ça m'intéresse beaucoup ! Je ne connaissais pas du tout ! Merci de ta participation !
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